SI LES TRAVAUX menés sur la souris par une équipe de chercheurs new-yorkais trouvent leur application chez l'humain, une nouvelle voie de traitement de la calvitie et surtout des plaies pourrait s'ouvrir. Il s'agit de la capacité des cellules souches du follicule pileux à provoquer, après greffe cutanée chez le rongeur, la pousse de poils ou l'apparition de lambeaux de peau ainsi que de glandes sébacées.
Si une application éventuelle est séduisante, la recherche de l'équipe de Cedric Blanpain rapportée dans la revue « Cell » est bien plus fondamentale. Il faut ici se souvenir que dans de multiples tissus (intestin, épiderme, muscle, etc.) les cellules souches résident au sein de niches qui leur fournissent un environnement spécialisé régulant leur prolifération et leur différenciation. Ainsi, dans le revêtement cutané de l'adulte, chaque follicule pileux contient un réservoir de cellules souches. Elles sont capables de se mobiliser pour produire un nouveau follicule avec chaque cycle du poil ou pour réépithélialiser l'épiderme au cours de la cicatrisation.
Le travail américain a consisté au départ en la mise au point d'une méthode permettant une analyse génétique et des greffes. Cette technique a permis de découvrir l'existence de deux types de cellules souches, l'une, capable d'autorenouvellement, l'autre, multipotente.
Au-delà de ce premier élément, les chercheurs ont constaté l'existence de deux populations distinctes, l'une se maintenant au contact de la couche basale, l'autre, suprabasale. La première précède dans le temps la seconde, qui n'est mise en activité qu'après que le premier cycle pileux postnatal a eu lieu.
En examinant le comportement et les propriétés moléculaires de ces deux populations, les scientifiques ont découvert que, au sein de la niche, c'est-à-dire in vivo, elles restent quiescentes. En revanche, lorsqu'ils sont transférés sur un milieu artificiel, c'est-à-dire in vitro, les deux groupes cellulaires sont capables d'autorenouvellement. En optimisant les conditions qui permettent l'analyse in vitro et la prise de greffe, il apparaît que les deux populations contiennent des cellules souches multipotentes capables de se différencier dans toutes les lignées de l'épiderme et des poils. Ce phénomène comprend même la formation, à l'intérieur du follicule, de structures partageant quelques caractères morphologiques et biochimiques avec les cellules souches des niches.
Des variantes.
En analysant, enfin, les différences biochimiques des cellules souches des réservoirs à la fois au cours des phases de repos et de repousse du cycle pileux, l'équipe a pu mettre en évidence des variantes parmi les caractéristiques qui en font des cellules souches. Il s'agit des caractères qui dépendent de l'adhérence à la membrane basale et de ceux acquis après le détachement. Ces différences fournissent les premières données sur l'action du micro-environnement de la niche dans la différenciation des cellules souches.
« Cell », vol. 118, 3 septembre 2004, pp. 635-648.
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