LES CELLULES souches mésenchymateuses (CSM) sont des cellules progénitrices qui ont la capacité de se différencier en cellules du tissu conjonctif.
La moelle osseuse hématopoïétique, riche en CSM, est considérée comme un réservoir et la principale source des précurseurs cellulaires qui vont peupler les tissus adultes. Le travail publié par Vibha Lama et coll. indiquerait que des organes, et tout au moins le poumon, conservent localement et pendant la vie adulte leur pool de cellules prêtes à assurer un renouvellement permanent.
Un turnover cellulaire important.
On sait que des CSM peuvent être isolées à partir du sang circulant, et aussi à partir de divers tissus non hématopoïétiques : la synovie, le tissu adipeux, l'os trabéculaire, le derme, la pulpe dentaire... Le poumon peut être ajouté à cette liste : des CSM ont déjà été détectées dans cet organe.
Le poumon est un organe constamment exposé à des pathogènes et à des toxiques, ce qui explique qu'il soit le lieu d'un turnover cellulaire important pour parer à ces dangers.
Vibha Lama et coll. (Ann Arbor, Michigan, Etats-Unis) ont examiné le liquide broncho-alvéolaire provenant d'aspirations réalisées chez 76 receveurs d'une allogreffe pulmonaire et plus précisément les cellules adhérentes au plastique (comme les cellules du stroma de la moelle osseuse). Un total de 172 échantillons a été examiné. Dans 106 d'entre eux (62 %), les observateurs détectent une prolifération clonale de cellules fibroblast-like.
Ces cellules ont été soumises à un immunophénotypage. Ce qui a montré qu'elles expriment deux molécules en faveur d'un phénotype mésenchymateux.
Elles ont aussi été analysées par cytométrie multiparamétrique à flux. Ce qui a révélé l'expression de protéines de surface, CD73, CD90 et CD105, qui sont couramment trouvées sur des CSM.
Un recul de onze ans et demi après la greffe.
Ces cellules sont de plus multipotentes, capables de se différencier en adipocytes, en chondrocytes et en ostéocytes.
Une analyse cytogénétique d'un autre type a été réalisée : on a recherché le caryotype du sexe dans ces cellules du liquide broncho-alvéolaire chez les greffés lorsqu'il y avait eu une disparité de sexe avec le donneur (homme greffé avec un poumon provenant d'une femme et inversement). Ce qui a concerné sept personnes. Et l'on s'aperçoit que 97,2 % des cellules recueillies expriment le sexe du donneur et ce jusqu'à onze ans et demi après la greffe.
La survie prolongée de ces cellules conforte le concept selon lequel des populations de CSM spécifiques d'un organe sont présentes dans des organes non hématopoïétiques et servent de réservoir pour le renouvellement des cellules conjonctives. «C'est, à notre connaissance, la première fois que cette démonstration est réalisée.»
Comme on sait que les cellules mésenchymateuses ont un rôle dans la pathogénie des échecs de transplantation d'organes, l'identification et la caractérisation de ces CSM pourrait permettre de mieux comprendre le rejet et les mécanismes de réparation (ou non) du poumon lésé.
« The Journal of Clinical Investigation », vol. 117, n° 4, avril 2007, pp. 989-996.
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