LES RÉSULTATS enregistrés par André Tomescot, Michel Pucéat et coll. laissent augurer des applications cliniques potentielles, dans des atteintes cardiaques, et notamment dans l'infarctus du myocarde ou dans les cas de pathologies myocardiques d'autres origines. «Etant donné la faiblesse des capacités de régénération du coeur et le manque de donneurs pour les transplantations cardiaques, l'utilisation des cellules souches embryonnaires se présente comme un excellent moyen de restaurer un myocarde malade», commentent les chercheurs.
L'étude expérimentale a été menée sur un modèle d'infarctus du myocarde chez des rats qui avaient subi la ligature d'une coronaire.
Les cellules souches, présentes en grand nombre pendant la vie embryonnaire, existent aussi dans les organismes adultes. Néanmoins, elles sont en nombre beaucoup plus réduit et sont moins souvent multipotentes chez les adultes : en règle générale, elles ne donnent lieu qu'à un type cellulaire.
Les chercheurs se sont intéressés aux potentialités des CSE pour régénérer le myocarde endommagé qui a perdu son caractère contractile : infarctus du myocarde, cardiopathies, dystrophies musculaires d'origine génétique… Une partie du myocarde est remplacée par du tissu fibrotique.
Les études expérimentales ont montré que les cellules souches embryonnaires animales peuvent se différencier en cellules cardiaques et régénérer des tissus endommagés.
Le facteur de croissance BMP2.
L'équipe du Dr Pucéat, l'une des premières en France à être autorisées à travailler sur des CSE humaines, a tenté l'essai en utilisant ces cellules.
Les CSE humaines ont été mises en culture en présence d'un facteur de croissance BMP2 (Bone Morphogenetic Protein) et d'un inhibiteur de récepteur FGF (SU5402), de manière qu'elles soient dirigées vers un processus de différenciation.
La PCR en temps réel a montré que l'expression de gènes cardiaques et mésodermiques a été régulée positivement à la suite de cette manipulation.
Ensuite, trente rats, qui avaient subi une immunosuppression, ont eu la ligature d'une coronaire. Deux semaines plus tard, on leur a injecté au niveau de la cicatrice myocardique la préparation de CSE humaines. Deux mois plus tard, les chercheurs ont constaté la présence de cellules humaines. Une différenciation en cardiomyocytes a été mise en évidence par l'expression de marqueurs cardiaques. Il n'y a pas eu de tératogénicité observée par la suite chez ces animaux.
«La capacité des CSE humaines à se différencier en suivant une voie cardiomyogénique à la suite de leur transplantation dans du myocarde infarci donne l'espoir que ces cellules soient de bonnes candidates pour réaliser une régénération myocardique.»
Ces travaux effectués dans le laboratoire I-stem (dirigé par Marc Peschanski), en étroite collaboration avec Philippe Ménasché (chirurgien cardiaque à l'hôpital européen Georges-Pompidou et directeur de l'unité Inserm 633 thérapie cellulaire en pathologie cardio-vasculaire). Ils sont réalisés dans le cadre d'un partenariat entre l'AFM (Association française contre les myopathies), le Genopole, l'université d'Evry et l'Inserm. Ils sont publiés dans la revue « Stem Cells ».
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