LES CELLULES SOUCHES, unités totipotentes capables de proliférer et de se différencier, peuvent être localisées à l'examen histologique par leur capacité à fixer certains colorants fluorescents lipophiles (rhodamine 123 et Hoescht 33342). Une sous-population de cellules souches a été récemment caractérisée : il s'agit de cellules CD34 low/neg appartenant à une « population accessoire » (en anglais : side population) qui est dotée de capacités d'élimination des colorants lipophiliques fluorescents supérieures à celle des autres cellules souches. Mais outre leur capacité d'élimination des colorants, ces cellules se révèlent moins sensibles aux antimitotiques en raison d'un flux sortant médicamenteux majoré. Chez la souris, les cellules CD34 low/neg survivantes recolonisent les tissus néoplasiques dans les suites de l'utilisation d'antimitotiques. Dans les mêmes conditions, chez les singes, les CD34 low/neg peuvent se différencier en CD34+ in vivo. Chez l'homme, une population accessoire de cellules souches a été détectée au sein de prélèvements effectués chez des patients atteints de leucémie myéloïde aiguë résistant au traitement chimiothérapique.
Neuroblastomes sévères.
Afin de mieux comprendre les mécanismes de résistances de certaines tumeurs aux antimitotiques, des biologistes texans ont analysé des prélèvements effectués chez 23 patients atteints de neuroblastomes sévères dans le but d'identifier d'éventuelles populations de CD34 low/neg. Chez 15 des sujets (65 %), l'examen histologique avec utilisation de colorants lipidiques a mis en évidence de telles cellules. Mises en culture, ces cellules se sont révélées capables de se différencier de façon asymétrique à la fois en CD34 low/neg et en autres types cellulaires.
Les chercheurs ont ensuite analysé les gènes des récepteurs de surface des cellules CD34 low/neg : elles expriment de façon préférentielle les gènes d'Abcg2 et Abca3, deux transporteurs membranaires. Mises en contact avec des molécules cytotoxiques telle la mitoxantrone, les CD34 low/neg, du fait de l'activation des transporteurs membranaires, ont éliminé plus vite que les cellules tumorales témoins les antimitotiques. C'est ce qui leur confère un potentiel majoré de résistance aux chimiothérapies.
Cancer du sein, du poumon et glioblastome.
Enfin, l'équipe dirigée par le Dr C. Hirschmann-Jax a analysé des échantillons de tissus tumoraux prélevés chez des sujets ayant souffert de formes chimiorésistantes de tumeurs solides à la recherche de cellules CD34 low/neg. Ils en ont ainsi détecté sur des prélèvements mammaires, pulmonaires et au sein de glioblastomes. Pour les auteurs, « la présence de ces cellules peut expliquer, du moins en partie, les phénomènes de résistance aux antimitotiques dans de nombreux types de tumeurs solides de l'adulte et de l'enfant ». Ils reconnaissent néanmoins que l'échantillon choisi peut avoir introduit un biais dans leur analyse. Il reste en effet possible que, du fait de l'utilisation de plusieurs cures de chimiothérapie, la proportion de cellules CD34 low/neg ait été majorée artificiellement, car la plupart des autres cellules tumorales ont, pour leur part, été détruites par le traitement antimitotique.
«Proc Natl Acad Sci USA », à paraître sur pnas.org.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature