CES ÉTUDES sont importantes car elles définissent les facteurs clés pour produire les cellules Th17 humaines et calment la controverse liée à l'utilisation des modèles murins pour étudier les maladies auto-immunes humaines.
«Les lymphocytes TCD4 Th17, qui sécrètent l'interleukine17, ont récemment été impliqués dans de nombreuses pathologies auto-immunes ou inflammatoires», explique au « Quotidien » le chercheur français Nicolas Manel, premier signataire de l'une des études qui a été menée au sein du laboratoire du Dr Dan Littman, à la New York University School of Medicine (États-Unis).
«Nos résultats montrent que, de manière similaire à ce qui se déroule dans les modèles murins, les lymphocytes humains CD4T dits “naïfs” peuvent être convertis en CD4Th17 en utilisant une combinaison de cytokines qui incluent le TGF-bêta (Transforming Growth Factor-beta) et des cytokines pro-inflammatoires, telles que IL1b et IL23. »
«Nos résultats jettent une nouvelle lumière sur la régulation de la différenciation des cellules Th17 humaines et procurent un cadre pour l'analyse globale des réponses T-helper», conclut quant à elle l'équipe française dirigée par Vassili Soumelis (INSERM et Institut Curie de Paris). «Le TGF-bêta est crucial et son absence entraîne un changement de profil de Th17 vers un profil Th1.»
«Nos résultats sont importants à plusieurs niveaux, souligne Nicolas Manel :
–ils établissent une méthode pour générer des cellules Th17 chez l'homme, ce qui va permettre de les manipuler;
–l'ontogénie des cellules Th17 était débattue chez l'homme. Nos résultats démontrent que des mécanismes similaires sont à l'oeuvre chez l'homme et la souris, et valident donc l'utilisation de modèles murins dans l'étude de ces pathologies;
–comme chez la souris, l'implication du TGF-bêta suggère que la balance Th17/T régulatrice jouera un rôle important dans ces pathologies.
–l'IL23 a récemment été impliquée génétiquement dans la maladie de Crohn. Nos résultats suggèrent pour la première fois comment l'IL23 peut être impliquée dans la génération de cellules pro-inflammatoires chez l'homme. »
Des implications cliniques.
«Cliniquement, l'objectif est de manipuler les cellules Th17 des patients. Dans des conditions inflammatoires/auto-immunes, on cherchera à inhiber ces cellules. Dans d'autres conditions, il pourra être avantageux d'augmenter ces cellules», fait entrevoir Nicolas Manel.
«Nos résultats procurent un système qui va permettre d'identifier en laboratoire des agents capables d'agir sur l'activité et la génération des lymphocytes Th17 humains. »
Manel et coll., Volpe et coll., « Nature Immunology », 4 mai 2008, DOI : 10.1038/ni.1610, DOI : 10.1038/ni.1613.
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