27-29 juin 2006 - Paris
LA LIMITE de 70 ans est celle que la littérature médicale prend le plus souvent en considération pour parler de cancer du sein de la femme âgée. Or «cette proportion est amenée à s’accroître parce que l’âge en lui-même est un facteur de risque de développer un cancer et que l’espérance de vie augmente».
En effet, moins de 10 % des cancers du sein surviennent avant l’âge de 40 ans. Chez ces jeunes patientes, les tumeurs ont volontiers des caractéristiques plus péjoratives. Elles sont moins bien différenciées que chez les patientes plus âgées et leur évolution est plus agressive, même si cette dernière donnée est l’objet de discussions (1).
Des tumeurs plus volumineuses.
Ces cancers évoluent ainsi plus défavorablement que chez les patientes plus âgées. Inversement, leur incidence augmente régulièrement avec l’âge jusqu’à 65 ans. Enfin, comme l’a montré Rosemary Yancik (National Institutes of Health, Bethesda), environ 30 % des cancers du sein se développent chez les patientes âgées de 70 ans et plus (2).
Les données de la littérature soulignent que le volume des cancers du sein augmente avec l’âge. De même, la fréquence de l’envahissement ganglionnaire est plus importante chez les patientes les plus âgées. Réciproquement, les tumeurs de ces patientes expriment plus fréquemment des récepteurs hormonaux et elles surexpriment plus rarement le récepteur transmembranaire HER2, considéré comme de mauvais pronostic. Il en va de même de l’invasion vasculaire péritumorale, qui est plus rare. Elle était par exemple absente dans 73 % des cas, soit pratiquement trois fois sur quatre, chez les sujets de 70 ans et plus dans une série britannique datant de 1997 qui a porté sur 382 patientes. Enfin, la fréquence de certains types histologiques comme le carcinome colloïde augmente chez les patientes plus âgées. Globalement, le cancer canalaire, qui est le plus fréquent, le reste après 70 ans. Le cancer lobulaire, qui arrive en deuxième position, a une meilleure évolution clinique chez la femme âgée. Enfin, l’évolution clinique du cancer tubulaire, rare et toujours de grade I, est très favorable.
La qualité de la survie est confirmée.
Ces aspects ont été confirmés par l’analyse de la littérature, en particulier par celle de la base de données de San Antonio (3). Cette étude a réaffirmé l’association fréquente des cancers du sein chez la femme âgée avec la positivité des récepteurs hormonaux. Par ailleurs, le taux de prolifération de ces tumeurs est en moyenne inférieur à celui des tumeurs comparables qui surviennent chez des patientes plus jeunes. Elles sont enfin plus souvent diploïdes qu’aneuploïdes. De même, le taux de protéine p53 est plus souvent normal. La surexpression, détectée par immunohistochimie, ou l’amplification du gène HER2, évaluée par hybridation in situ fluorescente (Fish, pour Fluorescent in Situ Hybridization) ou par hybridation in situ avec sonde chromogénique (Cish, pour Chromogenic in Situ Hybridization), est quant à elle moins fréquente.
La base de données de San Antonio confirme également la qualité de la survie chez les patientes qui n’ont pas de métastase ganglionnaire locorégionale ou qui ont des tumeurs de petite taille. Dans ce cas, en effet, leur survie est quasi superposable à celle de la population générale.
De même, selon les constatations du Seer (Surveillance, Epidemiology, and End Results) du National Cancer Institute (4), le nombre de tumeurs dont le volume est supérieur à 5 centimètres est plus élevé, l’infiltration ganglionnaire plus rare, les cancers semblant moins agressifs, même si les femmes âgées ne sont pas épargnées par des cancers agressifs ou inflammatoires.
D’après la communication du Dr Denis Larsimont (institut Jules-Bordet, Bruxelles).
1. Holmes FF. Clinical Evidence for a Change in Tumor Aggressiveness with Age. « Semin Oncol », 1989 ; 16 : 34-40. 2. Yancik R et coll. Cancer Burden in the Aged : an Epidemiologic and Demographic Overview. « Cancer », 1997 ; 80 : 1273-1283. 3. Diab SG, et coll. Tumor Characteristics and Clinical Outcome of Elderly Women with Breast Cancer. « J Natl Cancer Inst », 2000 ; 92 (7) : 550-556.
4. Ries LAG, et coll. Seer Cancer Statistics Review 1973-1999, National Cancer Institute, Bethesda MD (Web : http://seer.cancer.gov).
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