« Chaque année, de nouvelles études montrent que tel capteur est meilleur que tel autre. C’est intéressant car cela crée une émulation. Cette année à l’ADA, on a vu par exemple plusieurs travaux montrant une certaine supériorité, en termes de précision, pour les capteurs de dernière génération comme le Navigator d’Abbott ou le Dexcom G4. Cette très bonne précision se retrouve sur un paramètre souvent utilisé pour catégoriser la qualité des capteurs : le Mean Absolute Relative Difference (MARD). Cela correspond à la différence relative entre la mesure du glucose par le capteur – qui mesure dans le liquide interstitiel en sous cutané – et celle d’un système de référence, le plus souvent la glycémie veineuse ou capillaire », explique le Pr Guerci.
Mais il faudrait pouvoir imposer les mêmes exigences de calibration pour pouvoir comparer les capteurs : « Pour l’instant, il n’y pas toujours beaucoup d’homogénéité dans ce domaine. Il faudrait notamment pouvoir évaluer les capteurs dans la même situation, notamment dans les cas de "swing glycemic", c’est-à-dire chez des patients où les concentrations de glucose montent ou baissent très vite. C’est chez eux que les capteurs sont parfois pris en défaut », constate le Pr Guerci, en soulignant qu’il serait intéressant de pouvoir tester la qualité et la précision de capteurs posés simultanément chez le même patient pour mesurer la variabilité entre les lots de capteurs et/ou les appareils de mesure, comme cela a été récemment suggéré dans une publication scientifique.
L’optimisme est toutefois de mise: « il est clair que la précision des capteurs ne cesse de s’améliorer. Il y a quatre ou cinq ans, on acceptait un MARD de 15 à 16 %. Aujourd’hui, on est plutôt aux alentours de 10 % », souligne-t-il.
Low glucose suspend
Le congrès de l’ADA a aussi été l’occasion de se tourner vers l’avenir, avec les promesses offertes par le capteur de la firme Medtronic, disposant d’une fonction d’arrêt temporaire (de 2 h, système Low Glucose Suspend ou LGS) de la pompe à insuline en cas d’hypoglycémie. « Ce capteur n’a été autorisé que l’an passé aux États-Unis, la FDA ayant souhaité avoir des données complémentaires notamment pour savoir si l’arrêt de la pompe à insuline pendant deux heures ne risquait pas de déséquilibrer le diabète de façon majeure », explique le Pr Guerci, en précisant qu’une étude parue dans le Nejm a confirmé l’absence de risque pour les patients, notamment vis-à-vis d’épisodes de cétose. « Lors du congrès de l’ADA, il a été montré que ces 2 h d’arrêt de perfusion d’insuline évitaient les hypoglycémies nocturnes et permettaient de faire remonter la glycémie, mais à un niveau jugé tout à fait acceptable sans hyperglycémie notoire. Une autre étude a montré que ce système LGS utilisé en ambulatoire ne présentait pas de risque métabolique pour les patients », indique le Pr Guerci.
Il ajoute que plusieurs études ont aussi mis en lumière le potentiel prometteur des capteurs de la prochaine génération, qui devraient non plus corriger mais prévenir l’hypoglycémie. « Selon la pente de baisse de la glycémie, le capteur détecte un risque d’hypoglycémie dans les 30 minutes à venir, ce qui va entraîner un arrêt de la pompe à insuline. Et, au bout de 30 minutes, une nouvelle analyse de la situation indiquera s’il faut ou non maintenir l’arrêt. Cela permet de prévenir l’hypoglycémie mais cette fois-ci sans aucun rebond hyperglycémique ».
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