«ON CONTINUE», mais pas comme si rien ne s’était passé.
Au lendemain de la réunion de son conseil confédéral où siègent les représentants des spécialités et des régions, le président de la Csmf, Michel Chassang, a confirmé la stratégie de soutien «loyal mais exigeant» du «syndicat leader» aux réformes et à la convention, malgré le vote protestataire qui s’est exprimé dans les deux collèges lors des élections aux Urml. Un accompagnement qui ne rime pas avec aveuglement.
«Notre réunion a été musclée, raconte le Dr Chassang. Nos cadres sont déçus et même sonnés. Ils trouvent que les résultats sont injustes compte tenu de tout ce qui a été obtenu depuis un an, et notamment des masses financières versées aux médecins. Personne n’a réclamé un changement de politique au niveau national. En revanche, il y a une volonté d’être encore plus combatif et de s’en donner les moyens.»
De fait, l’analyse des résultats de la Csmf a révélé d’énormes disparités locales qui démontrent que les enjeux nationaux n’ont pas forcément été le critère déterminant. Dans certaines régions, comme la Lorraine, la Csmf a obtenu des scores flatteurs ou a bien résisté à la poussée des opposants ; dans d’autres, elle a essuyé des échecs très sévères (Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées) ou un repli décevant (Nord - Pas-de-Calais).
Lisibilité.
Les cadres de la Confédération ont tiré une leçon de ces inégalités : la nécessité d’être combatif partout vis-vis des caisses locales, de mieux expliquer les enjeux et les conditions d’application des réformes. Selon un membre du conseil confédéral, «il a été décidé de reconstruire un appareil syndical départemental militant», qui a trop souvent fait défaut dans cette campagne, notamment pour répliquer coup pour coup aux critiques des adversaires de la convention. Une campagne de recrutement devrait être lancée. «Certains de nos élus se comportent en sénateurs, des cadres se sont aussi dispersés dans les Urml sur des missions secondaires, analyse candidement le Dr Jean-François Rey, président de l’Umespe, la branche spécialiste de la Csmf. Certains ne sont plus assez impliqués dans le syndicat. Le message qui est passé, c’est “soyons militants et pugnaces”!»
Pugnace, la Csmf compte l’être sur quelques dossiers jugés prioritaires.
Le toilettage annoncé de la convention, et «demandé depuis longtemps», fera l’objet de doléances précises. «Nous lançons un appel au peuple sur ce dossier de la simplification des tâches administratives, résume le Dr Chassang. Les médecins doivent nous dire ce qu’ils veulent exactement.» Le ministre de la Santé a promis des décisions dès la fin de l’été.
La Csmf exige ensuite pour la profession une «visibilité» à court terme, ce qui suppose d’ouvrir (ou de régler) sans délai plusieurs chantiers tarifaires. La réforme des consultations, ou Ccam clinique, qui concerne aussi bien les médecins généralistes que les spécialistes cliniciens, doit comporter «une première étape dès 2006». La deuxième tranche de la Ccam technique doit être «enclenchée». Le tarif de la visite doit être aligné sur le prix de la consultation «dès le 1eraoût, soit 21euros», exigence jugée excessive par le ministre de la Santé. Autre impératif : la mise en place de certaines mesures de nomenclature ciblées pour les spécialités perdantes qui ne seraient toujours pas appliquées (dermatoscopie, par exemple).
2007 et 2010 dans le viseur.
Enfin, martèle la Csmf, le gouvernement doit sortir du blocage «insupportable» sur la création du secteur optionnel – avec dépassements plafonnés – en obligeant les parties (assurance-maladie, organismes complémentaires, médecins) à lancer enfin les négociations. «Si rien n’est fait, il y aura un conflit majeur cet été», met en garde le Dr Chassang. Déjà se prépare l’opération « la France sans bloc opératoire » à partir du 24 juillet, à l’initiative d’anesthésistes, de chirurgiens et d’obstétriciens.
Sur l’agenda confédéral, deux dates ont été soulignées : 2007 et 2010. Comme chaque fois, la Csmf entend «peser» sur les programmes des candidats à l’élection présidentielle. «Nous rencontrerons tout le monde avec un projet confédéral rénové», annonce Michel Chassang. Quant à 2010, ce sera l’année d’échéance de la convention actuelle. Une façon de dire que le syndicat, même secouépar sa déconvenue électorale, est tourné vers l’avenir et la construction. «On fait le boulot, affirme Michel Chassang. C ’est comme pour l’Europe, il n’y a pas de plan B...»
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