Ils ne dépensent pas ce qu'ils mangent

Des bouts de chou déjà sédentaires

Publié le 18/01/2004
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ALORS QUE dix villes françaises s'engagent dans la lutte contre l'obésité de l'enfant par une action sur le comportement alimentaire et l'activité physique (« le Quotidien » du 13 janvier), une équipe écossaise publie dans le « Lancet » un travail qui confirme la responsabilité du déclin de l'activité physique dans l'épidémie d'obésité qui, après les Etats-Unis, atteint l'Europe de l'Ouest.
« L'épidémie d'obésité infantile a été largement attribuée à la baisse de la dépense énergétique totale » (DET), expliquent les auteurs (J. J. Reilly et coll.), qui précisent qu'on ne dispose pas de données objectives sur un nombre représentatif d'enfants. « Nous sommes partis de l'hypothèse que le mode de vie des enfants contemporains est sédentaire et nous l'avons testée par la mesure simultanée de la DET, de l'activité physique et du comportement sédentaire de jeunes enfants de Glasgow », indiquent-ils. La dépense énergétique de repos était également estimée.

A 3 ans et à 5 ans.

Entre mars 1999 et juillet 2001, ils ont recruté un échantillon représentatif d'enfants de 3 ans et répété leurs mesures deux ans plus tard, entre mars 2001 et juillet 2002. Si des enfants étaient perdus de vue, ils étaient remplacés par des enfants appariés.
Au total, l'étude a porté sur 72 enfants (dont 37 garçons).
Sans entrer dans les détails, par rapport au temps total observé, le temps de comportement sédentaire était : à 3 ans de 81 % chez les filles et de 76 % chez les garçons ; à 5 ans, de 78 % chez les filles et de 73 % chez les garçons.
« Nous avons montré que les niveaux de DET étaient faibles à 3 et 5 ans dans les deux sexes, spécialement chez les filles », indiquent les auteurs. Les enfants ne consacrent que 20 à 25 minutes par jour à une activité physique modérée à vigoureuse. Or, les recommandations sont d'y consacrer 60 minutes.
« La sédentarité croissante des enfants britanniques n'est pas unique et se voit dans la plupart des pays du monde », précise un éditorialiste (James Hill, Denver, Etats-Unis), qui souligne que les progrès technologiques ont fait disparaître de nombreuses raisons de bouger. Que ce soit au travail, à l'école, dans les trajets ou à la maison. « Notre environnement encourage l'inactivité et les jeunes enfants ne sont pas épargnés. Il est peu probable que nous puissions ou souhaitions revenir en arrière pour retrouver de hauts niveaux d'activité. »

Deux cents calories en trop.

L'obésité, poursuit-il, résulte d'un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques. Dans la présente étude, les auteurs estiment que la dépense énergétique des enfants est de 200 kcalories en dessous de ce qu'il faudrait. En théorie, il suffirait de peu de chose pour prévenir l'obésité. A titre indicatif, indique l'éditorialiste, dans les recommandations américaines (American on the Move), il est dit qu'un adulte peut dépenser 200 kcal par jour en combinant deux objectifs simples : faire 2 000 pas de plus par jour (soit 100 kcal) et remplacer une boisson sucrée par un verre d'eau. La marche : voilà qui nous ramène à l'engagement français avec ses actions de type « pedibus » (des parents accompagnent à tour de rôle un groupe d'enfants à pied à l'école) à côté des activités physiques de loisir.
« Il est temps que le Royaume-Uni prenne des mesures pour prévenir la prise de poids excessive qui guette ses jeunes enfants. Une activité physique accrue doit faire partie de tout effort national de prévention de la prise de poids. Changer les comportements pour prévenir la prise de poids sera plus facile que de traiter l'obésité établie », conclut l'éditorialiste.

« The Lancet » du 17 janvier 2003, pp. 211-212 et 182.

Dr E. DE V.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7458