LANCÉ AU DEBUT de 2001 par le ministère de la Santé, en partenariat avec l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), l'Institut de veille sanitaire (InVS), l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) et l'assurance-maladie, le Programme national nutrition santé (Pnns) poursuit sa croisade pour la santé par la nourriture. Après le succès de « La santé vient en mangeant », un guide très pratique lancé il y a deux ans et qui s'est arraché à quelque trois millions d'exemplaires (« le Quotidien » du 13 septembre 2002) et celui du guide d'accompagnement conçu à l'attention des professionnels de santé, le Pnns réédite sa démarche éditoriale sanitaire, cette fois avec trois nouveaux guides destinés à combattre le surpoids observé chez les enfants : si l'obésité concerne de 7 à 10 % des adultes, ce sont 16 % des 7-9 ans qui sont en surpoids ou obèses.
Contre la résistance alimentaire.
Sur un mode ludique, coloré et résolument non dogmatique, « La santé vient en mangeant et en bougeant », le guide des enfants et des ados pour tous les parents est celui auquel Philippe Douste-Blazy déclare « tenir particulièrement » : « C'est un excellent manuel pour apprendre à tenir tête à l'enfant quand il fait de la résistance alimentaire mal à propos, a expliqué le ministre de la Santé, pour lui fournir les bons repères qui lui serviront tout au long de sa vie. »
L'allaitement, la découverte des goûts, la diversification de l'alimentation, l'inactivité physique, les légumes, le grignotage, les questions de poids... Il est parfois difficile d'aider son enfant dans tous ses apprentissages alimentaires. Ce guide rédigé a l'attention des parents répond à la plupart de leurs questions sur l'alimentation du nourrisson comme sur celle de l'ado, avec des propositions de repères nutritionnels appropriés : comment aider mon ado à bien manger à midi ; mon ado a décidé de ne plus manger de viande ; ma fille se trouve trop grosse ; mon adolescent a des kilos en trop.
Des questions traitées « systématiquement avec une approche positive, souligne le Pr Serge Hercberg (Inserm), coordinateur du programme Pnns, au contraire d'un catéchisme, pour essayer de mettre en musique des moyens simples, des trucs et des astuces, en ayant soin de privilégier le lien entre alimentation et culture, santé et plaisir, convivialité et partage. L'argument scientifique ne doit jamais entrer en contradiction avec la notion de plaisir. »
Moins illustré et plus technique, le « Livret d'accompagnement du guide destiné aux professionnels de santé » adopte naturellement un ton médical. Il sera envoyé ou mis à la disposition de plus de 75 000 médecins concernés par la nutrition de l'enfant et de l'adolescent, pour les aider dans leur travail d'information et de conseil. Après avoir rappelé les objectifs du Pnns sur les marqueurs de l'état nutritionnel (baisse de 5 % de la cholestérolémie moyenne, de 10 mm de mercure de la pression artérielle systolique, de 20 % de la prévalence du surpoids), ce livret mêle les questions de cours comme les bases physiopathologiques de l'obésité de l'enfant, la manière de tracer une courbe d'indice de masse corporelle, ou les tests biologiques pour dépister l'allergie alimentaire, avec des pistes argumentées pour engager le dialogue : que répondre à l'adolescent qui consomme beaucoup de boissons sucrées, ou qui a tendance à grignoter chips et cacahuètes salées, ou encore à celui qui donne l'impression de passer trop de temps à des activités sédentaires ?
Trente minutes quotidiennes de marche d'un bon pas.
Ce dernier point est détaillé dans le guide « La santé vient en bougeant » ; il ne s'agit pas d'un manuel de nutrition du sportif destiné à améliorer ses performances physiques, mais d'un ensemble de conseils qui s'adresse à toutes les tranches d'âge, pour tous les modes de vie et toutes les situations : celui qui n'a pas le temps de pratiquer une activité physique, celui qui n'en pas pas la force, celui même qui a de bonnes raisons pour ne pas faire de sport du tout, tous y découvriront l'intérêt d'intégrer dans leur emploi du temps quotidien 30 min d'activité physique, si possible au moins par tranches de 10 min, avec une régularité de chaque jour et une intensité modérée. Il n'est pas nécessaire de chausser des baskets et de se rendre sur un stade : on peut effectuer des activités de 30 min diverses et variées, avec le même profit physiologique, que ce soit en marchant d'un bon pas, en passant l'aspirateur, en jardinant, en ramassant des feuilles, en dansant (rock, disco...), en s'adonnant au ski alpin, à la voile, au badminton ou au golf.
Le secret pour réussir : faire des activités qui plaisent vraiment, qui peuvent faire partie du quotidien et que l'on aura envie de pratiquer régulièrement.
Ici encore, le plaisir est l'argument de la pédagogie sanitaire numéro un.
Les deux guides « La santé vient en bougeant » et « La santé vient en mangeant » sont mis conjointement en vente à partir d'aujourd'hui et pour une période de deux mois chez les marchands de journaux, au prix de 2 euros. Ils seront ensuite diffusés gratuitement par l'assurance-maladie. Les médecins peuvent s'en procurer gratuitement des exemplaires en s'adressant à l'Inpes (voir page 11).
Les recommandations du Pnns ont été mises en en ligne sur un site Internet : www.mangerbouger.fr.
Les distributeurs automatiques hors la loi
« Tous les distributeurs automatiques de boissons et de produits sucrés sont interdits par la loi de santé publique » dans les établissements scolaires, a rappelé Philippe Douste-Blazy. Même les distributeurs de fruits ? « C'est une fausse question », a répondu le ministre de la Santé. Selon lui, moins de 1 % de ces appareils proposent des fruits, la quasi-totalité distribuant des barres chocolatées et autres produits de grignotage néfastes pour le bon équilibre nutritionnel des adolescents. Ils obéissent à des impératifs de rentabilité : les fruits nécessiteraient des frais de maintenance trop élevés, avec des manipulations quotidiennes, au lieu d'être seulement hebdomadaires.
Autre pratique condamnée : le grignotage de la collation de 10 heures, au détriment du déjeuner, mais le ministre admet qu'une telle collation puisse encore « être distribuée aux enfants qui en ont strictement besoin ».
Philippe Douste-Blazy a annoncé qu'il allait par ailleurs adresser de nouvelles instructions à l'attention du monde scolaire, conjointement avec son collègue de l'Education, François Fillon : l'éducation nutritionnelle devrait être généralisée ; des expériences comme celle menée dans la banlieue de Lille devraient être étendues pour faire progresser de 20 % la consommation de fruits et légumes dans les cantines.
Un guide spécialement conçu pour les adolescents, « J'aime manger-J'aime bouger » sera distribué en novembre aux 750 000 élèves de cinquième.
Enfin, l'Association des maires de France a programmé un colloque consacré au Pnns le 4 novembre, pour engager les collectivités locales à conclure des chartes sur la santé publique et la nutrition.
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