L'étude UKPDS avait montré la supériorité du traitement intensif du diabète par rapport au traitement conventionnel par mesures hygiéno-diététiques. Le suivi pendant dix ans des participants confirme le maintien de cet effet bénéfique sur les complications micro- et macrovasculaires, même si la différence de l'HbA1c entre les deux groupes a disparu dès la première année suivant la fin de l'essai clinique.
L'ÉTUDE UKPDS (United Kingdom Prospective Diabetes Study) est sans aucun doute l'une des plus importantes en matière de diabète de type 2 en raison de sa durée, plus de vingt ans, et du nombre de malades inclus, plus de 5 000. Ses résultats, publiés en 1999 dans le « Lancet », ont permis de montrer que, même chez les diabétiques traités de manière optimale, le diabète de type 2 est une maladie qui progresse malgré les traitements habituels.
En effet, au cours de l'évolution de la maladie, l'insulinosécrétion diminue alors que l'insulinorésistance reste stable. L'un de ses principaux enseignements a par ailleurs été la démonstration du rôle délétère de l'hyperglycémie et celle du bénéfice des traitements hypoglycémiants. Ainsi, obtenir une valeur cible de l'hémoglobine glyquée à 7 % au lieu de 7,9 % pendant une durée médiane de dix ans s'accompagne d'une diminution significative de 12 % de l'ensemble des complications liées au diabète, de 25 % des complications microvasculaires et d'une tendance nette à la réduction du risque d'infarctus myocardique de 16 % (p = 0,052). L'originalité de l'étude UKPDS a été d'associer une évaluation de l'effet du contrôle tensionnel au projet initial. Celle-ci a porté sur 1 148 diabétiques hypertendus. Les résultats ont montré que le contrôle tensionnel strict pendant une durée médiane de 8,4 ans, avec une cible tensionnelle inférieure à 142/82 mmHg, par comparaison avec un contrôle tensionnel moins strict défini par une cible inférieure à 154/87 mmHg, est associé à une réduction du risque de complication liée au diabète de 24 %, du risque de décès par diabète de 32 %, d'accident vasculaire cérébral de 44 % et de complication microvasculaire de 37 %.
Dix ans après la fin de l'étude.
À l'issue de la période de suivi de l'étude, en 1997, les diabétiques sont sortis de l'essai. Ils ont été traités par leur médecin personnel en ambulatoire ou en milieu hospitalier, et n'étaient plus astreints à prendre les traitements qui leur avaient été aléatoirement assignés. Toutefois, les patients et leurs médecins avaient été avertis de la nécessité d'abaisser leur glycémie et leur pression artérielle de manière aussi stricte que possible. Ils ont fait l'objet d'un suivi pendant dix années supplémentaires, de 1997 à 2007, afin d'évaluer d'éventuels effets bénéfiques prolongés (1). Les cinq premières années, une visite annuelle a été programmée quand elle était possible, et remplacée par un suivi sur questionnaire dans le cas contraire. Les cinq années suivantes, un questionnaire annuel a été envoyé à tous les participants. Les résultats de ce travail ont été publiés sur le site du « New England Journal of Medecine » simultanément à leur présentation lors du congrès (2, 3).
Les différences de contrôle glycémique en termes d'hémoglobine glyquée se sont estompées pour disparaître à l'issue de la première année qui a suivi la fin de l'étude. Il en est allé de même des différences tensionnelles précédemment constatées entre les groupes qui avaient été assignés à un contrôle strict ou à un contrôle moins strict. En dépit de l'absence de contrôle glycémique strict durable, les différences de risque ont perduré à dix ans entre les patients des deux groupes concernant les complications microvasculaires, l'infarctus myocardique et la mortalité générale. Concernant les patients affectés au suivi prolongé après inclusion dans l'étude comparative sur l'intensité du contrôle tensionnel, les différences de niveau tensionnel se sont elles aussi estompées. Aucun bénéfice supplémentaire n'est apparu chez les patients qui avaient bénéficié d'un contrôle plus strict pendant l'étude.
Ainsi, un contrôle glycémique strict se traduit cliniquement par une réduction durable du risque de complication de la maladie diabétique. Il est donc essentiel de contrôler ce paramètre très tôt dans le cours de l'évolution de cette affection pour que les bénéfices du traitement antidiabétique soient prolongés. En revanche, le contrôle tensionnel strict des diabétiques hypertendus se révèle bénéfique très rapidement, mais la réduction du risque ne persiste que si ce contrôle reste lui-même strict.
(1) Holman RR. UKPDS 30 years data : are there legacy effects of improved glucose and blood pressure control ? (symposium S 18).
(2) Holman RR et coll. Ten years follow up of intensive glucose control in type 2 diabetes. New Engl J Med 2008;359.
(3) Holman RR et coll. Long term follow-up after tight control of blood pressure in type 2 diabetes. New Engl J Med 2008;359.
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