DANS L'ESPRIT d'une « naissance sans violence », au début des années 1970, la méthode Leboyer voyait le jour. Il s'agissait de mettre les enfants au monde dans l'eau, milieu dans lequel le nouveau-né avait vécu jusque-là. Michel Odent et la maternité de Pithiviers faisaient office de pionniers en la matière.
La naissance dans l'eau a rencontré d'emblée l'hostilité de nombreux obstétriciens, redoutant le manque d'environnement technique, de champ visuel d'une naissance en maternité. Dès lors, la méthode n'a pas connu, en France, l'essor que ses pères fondateurs lui souhaitaient. D'ailleurs deux chefs de service de maternité, interrogés par le « Quotidien », ont répondu n'avoir aucune connaissance du sujet.
L'Association française de naissance aquatique, par la voix du Dr Thierry Richard, informe, grâce aux années de recul et à des études, sur les intérêts de cette méthode.
L'esprit soixante-huitard du début est abandonné au profit d'un discours scientifique. Il privilégie l'intérêt maternel.
Le Dr Richard évoque, en premier lieu, l'amélioration de l'élasticité du périnée, avec son corollaire, une nette diminution du nombre d'épisiotomies, tant chez la primipare que la multipare. Cet effet est la résultante d'une eau à 37 °C, enrichie à 9 pour mille en NaCl et donc isotonique aux liquides extracellulaires.
Autre bienfait rapporté de l'immersion, une diminution de la durée de l'accouchement (divisée par trois) et de l'intensité des contractions. Ce qui entraîne la diminution des recours à la péridurales, aux forceps ou aux césariennes. Le Dr Richard rappelle que la configuration spécifique de la baignoire offre une sécurité visuelle à l'accoucheur. Que son grand volume permet à la femme d'accoucher non plus couchée sur le dos, mais accroupie ou demi-assise, ce qui semblerait plus naturel.
Au chapitre de la sécurité, cette baignoire - le terme de bassin convient mieux, puisqu'elle contient 1 600 l (environ 2 m sur 70 cm) - est également munie d'un dispositif de sortie rapide de l'accouchée en cas de problème. Quant au nouveau-né, de nombreuses études, regroupant plusieurs milliers de naissances, montrent des incidences d'accidents et de décès identiques à celles relevées pour les accouchements traditionnels.
Enfin, aucun travail n'a pour l'instant évalué un bénéfice éventuel pour l'enfant.
La pratique est réservée à des femmes motivées par des accouchements à faible risque. L'immersion ne doit pas être indéfiniment prolongée, aussi est-il conseillé d'attendre une dilatation à 5 cm pour entrer dans le bassin.
Pour en savoir plus, visiter le site de l'association et ses nombreux liens, www.naissance.ws/afna.
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