DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
POUR LA PREMIÈRE année, les journées consacrées à la lutte contre le tabagisme féminin étaient couplées aux 3es Journées d'expertises et polémiques en gynécologie-obstétrique. Cette initiative s'inscrit dans une démarche logique puisque, comme le rappelle le Pr Henri-Jean Philippe, du comité d'organisation de ces 3es journées, «nous partageons des objectifs semblables et notre rôle de prévention est complémentaire». Les 9e rencontres ont abordé les problèmes liés à l'alcoolisme, aux toxicomanies, aux troubles du comportement alimentaire, mais la partie la plus importante portait sur le tabagisme et ses conséquences, notamment chez la femme enceinte. L'augmentation, en France, de l'incidence du tabagisme chez la femme en âge de procréer en fait un problème majeur de santé publique. Le Pr Michel Delcroix, président de l'Association Périnatalité Prévention Recherche Information (APPRI) et responsable du programme « Maternité sans tabac » au sein du Réseau hôpital sans tabac (RHST), s'est donné pour mission d'informer et de sensibiliser aux méfaits du tabac le plus grand nombre possible de femmes par le biais de l'ensemble des professionnels de santé, et notamment les acteurs des soins périnataux. En effet, cette période de grossesse est pour la femme un temps de contact privilégié avec les professionnels du soin : gynécologues-obstétriciens, sages-femmes, échographistes, anesthésistes… C'est l'occasion de réaliser un dépistage systématique d'éventuels problèmes psychosociaux, qu'il s'agisse de violences (20 % des femmes suivies à l'UGOMPS* de Nantes, service pour les femmes en situation de vulnérabilité qui en ont subies) ou d'addictions, dont fait partie le tabagisme.
À ce propos, le Pr Delcroix précise que la dangerosité du tabac est due au monoxyde de carbone présent dans la fumée du tabac et que cette notion est encore trop mal connue d'après lui. Il est très facile de mesurer le CO dans l'air expiré grâce à de petits appareils aux prix abordables. Les résultats de cette mesure concrétisent aux yeux des femmes le niveau de leur imprégnation tabagique et soutiennent les efforts de persuasion des soignants en faveur de l'arrêt du tabac. Lors du suivi, et si la femme a arrêté de fumer, cette mesure peut constituer une aide à la motivation tant il s'agit de responsabiliser et non de culpabiliser les patientes.
Vivre sans tabac.
Parrainé par « le Quotidien », le concours BD a été créé il y a quatre ans sous l'impulsion du Pr Michel Delcroix, en tant que président de l'APPRI, et de Conchita Gomez, présidente de l'Association nationale des sages-femmes tabacologues (ANSFT), et est soutenu par les Laboratoires Novartis Santé Familiale. Avec pour thème « Femme, vie sans tabac », il invite les étudiants à réfléchir sur la dénormalisation de l'image du tabagisme féminin et sur de nouvelles pratiques professionnelles permettant de mieux le prévenir et le prendre en charge. Le concours est ouvert à quatre professions de santé : instituts de formation en soins infirmiers (IFSI), masso-kinésithérapie, sages-femmes et chirurgiens-dentistes. Les travaux présentés comportent 4 planches de BD au plus. Après délibération du jury, composé des membres du comité d'organisation et du comité scientifique des 9es rencontres, trois premiers prix ont été remis par « le Quotidien ».
Dans la catégorie IFSI, c'est un quatuor d'auteurs originaires de Valenciennes qui a reçu le prix pour la BD « La clope en cloque ». Rémi Kasprzyk, Antoine Frappart, Jean-Patrick Penaud et Gwendoline Monnier ont mis en scène un conte philosophique humoristique sur la dépendance tabagique, incarnée par un criminel odieux et pourtant – paradoxe exprimant la difficulté du sevrage – aimé de tant de monde ! Dans la catégorie sages-femmes, Carole Weyh, de l'école de Metz, a illustré avec beaucoup d'humour la problématique de la baisse de la fécondité liée à l'intoxication tabagique, sous le titre « le Rallye fécondation ». Enfin, dans la catégorie chirurgie dentaire, Géraldine Devaux, de la faculté de Brest, a utilisé les critères « beauté », « santé » et « maternité » pour dissuader la femme de fumer.
* Unité de gynécologie-obstétrique médico-psychosociale.
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