De notre correspondante
« N OTRE projet repose sur un paradoxe : le contact est très difficile pour ces jeunes, et pourtant c'est la relation à l'autre qui peut leur permettre d'être mieux, explique Odile Femenia, directrice du CAT . De même, le métier de la restauration est synonyme d'imprévu alors que ces jeunes ont besoin d'un quotidien très cadré. »
Un projet un peu fou lancé à l'automne avec six autistes sélectionnés selon des critères précis : les jeunes doivent être stabilisés et ne plus présenter de violence au quotidien. Ils doivent également avoir un potentiel de contact avec le public. Partant de là, ils sont intégrés dans l'équipe et se relaient en salle et dans les cuisines.
Frédéric ne prononçait pas un mot lorsqu'il est arrivé. Aujourd'hui, il s'exprime toujours avec difficulté, mais s'est révélé au chant, lors d'un atelier théâtre. « Il a sorti sa voix », confie l'animateur. Rédouanne, lui, a acquis une certaine assurance en salle, mais dès que survient un imprévu, il retrouve ses anciennes craintes, se parle à lui-même et fuit si la pression est trop forte. « Il ne faut pas les mettre en danger au risque de tout faire échouer, insiste Benoit Flahaut, responsable de leur formation professionnelle. Lorsqu'on aborde une technique nouvelle, il est nécessaire de leur tracer le chemin, pour les sécuriser. »
Un apprentissage qui se déroule en lien étroit avec leur institution d'origine - IMPro ou hôpital de jour - afin d'éviter toute rupture. Au niveau médical, chacun est suivi par son psychiatre et une convention a été passée avec le centre médico-psychologique de Villeneuve-d'Ascq, qui rencontre régulièrement les jeunes du centre.
« Le CAT n'est pas un lieu de thérapie. Le suivi psychiatrique continue, mais à l'extérieur. Si l'on veut aider les jeunes à trouver une place dans la société, comme tout le monde, il faut bien différencier les deux aspects », souligne la directrice.
Pour l'heure, le CAT accueille six autistes, mais il passera bientôt à douze, en fin d'année, quand les nouveaux aménagements permettront d'héberger l'activité théâtre. L'agrément prévoit l'embauche de vingt handicapés d'ici à 2002. Les besoins dans ce domaine sont immenses : souvent refusés dans les CAT en raison de leurs troubles comportementaux, les autistes sont nombreux à attendre une place dans de telles structures.
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