DANS SON édition du 6 mars 2004, la revue le « Lancet » publie, sous la plume du Dr Richard Horton, éditorialiste, deux articles admettant une erreur commise en 1998. Déjà, le 21 février 2004, il avait été signalé sur le site Internet de la célèbre revue britannique que l'étude sur le lien entre vaccination par le vaccin rougeole-oreillons-rubéole et autisme n'aurait jamais dû être publiée.
En effet, le scientifique à l'origine de cette publication, le Dr Andrew Wakefield, n'avait pas signalé, à l'époque, qu'il menait parallèlement des recherches pour le compte de parents d'enfants malades à la suite d'une vaccination. Or ces parents avaient mandaté le scientifique afin de savoir s'ils pouvaient engager des poursuites judiciaires contre les laboratoires fabricants. Une grande partie des enfants inclus dans l'étude avaient été choisis parmi les cas litigieux soumis par les parents au Dr Wakefield. La publication de l'étude britannique avait entraîné une baisse nette du nombre des vaccinations contre les trois infections dès 1998 au Royaume-Uni et, depuis cette date, la polémique n'avait jamais cessé.
Le 3 mars 2003, dix des médecins coauteurs de l'étude controversée ont publié une « rétractation ». Selon les signataires, « les données disponibles n'étaient pas suffisantes pour établir une telle interprétation des résultats ». Mais, les deux auteurs seniors de ce travail, dont le Dr Andrew Wakefield, premier signataire, n'ont pas souhaité signé cette déclaration. Enfin, un des auteurs du travail initial, le Dr John Linnell, n'a pu être contacté par les chercheurs à l'initiative de la rétractation.
Dans son éditorial, le Dr Horton reconnaît que « tous les responsables de journaux médicaux doivent assumer leurs responsabilités qui s'étendent à tous les aspects de la propagation publique du travail qu'ils publient ». Il explique aussi que « la revue n'aurait certainement pas publié l'article si elle avait eu connaissance d'un "conflit d'intérêts" concernant l'auteur principal de l'étude ».
Huit ans après cette parution, les auteurs de tous les articles médicaux soumis au « Lancet » doivent faire état d'éventuels conflit d'intérêts lors de la soumission pour publication de leur travaux.
Pour mettre fin à la controverse déclenchée en 1998, l'éditorialiste propose la mise en place d'un fond de recherche public et indépendant sur l'autisme et celle d'un organisme de vaccinovigilance impliqué dans les programmes de développement préclinique et clinique et dans le suivi des effets indésirables des campagnes de vaccination.
« The Lancet », vol. 363, pp. 747-749 et 820-821, 6 mars 2004.
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