Polémique sur le financement de la formation conventionnelle

Des associations préparent leur riposte

Publié le 12/11/2007
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LA SOCIÉTÉ DE FORMATION thérapeutique du généraliste (SFTG), FMC-Action, MG-Form et plusieurs autres associations de formation médicale continue s'estiment lésées par la répartition de l'enveloppe de 35,6 millions d'euros qui sera consacrée en 2008 à la formation professionnelle conventionnelle (FPC). Ces associations ont en effet enregistré d'importantes coupes dans l'enveloppe qui leur sera allouée l'an prochain (« le Quotidien » du 9 novembre). Elles dénoncent une répartition «injuste» des fonds mis à la disposition de la FPC au profit des associations de formation affiliées aux syndicats signataires de la convention. Elles mettent en cause les «conflits d'intérêts» qui se posent lors de l'attribution de ces financements. Les associations lésées envisagent d'engager un recours en justice, estimant que la procédure d'appel d'offres ne s'est pas déroulée normalement. «Est-il légal de donner une indication particulière juste 15jours avant la clôture de l'appel d'offres?», s'interroge le Dr Isabelle De Béco, présidente de la SFTG. Au-delà du problème financier que va entraîner pour ces associations la diminution des fonds de la formation conventionnelle, se pose la question de son rôle. «Une vraie réflexion doit être menée par les associations et les syndicats pour évoquer l'avenir de la FPC car, en se transformant de la sorte, elle va mourir», avance le Dr Marie-Hélène Certain, de MG-Form, association affiliée à MG-France. Les associations soulignent que plusieurs thèmes de formation sont ainsi «passés à la trappe» en 2008 en dépit des attentes des médecins. «Des pans entiers de la prise en charge des patients sont éliminés, alors que le conseil scientifique de la FPC les avait validés», souligne MG-Form. Des sujets comme la psychiatrie, la gynécologie, la prise en charge de la douleur ou le suivi des adolescents en difficulté ont été écartés. «Sur environ 1500dossiers retenus par le conseil scientifique, seulement un tiers va bénéficier de l'agrément du CPN», déplore le Dr Pascal Charbonnel, de FMC-Action, qui redoute une «entreprise de sabotage politique» alors que se dessine le dispositif de FMC obligatoire.

Une FPC en danger.

Le 17 avril dernier, les président et vice-président du comité paritaire national de la FPC (CPN-FPC), instance qui décide des orientations nationales de la formation conventionnelle, faisaient savoir par mail aux organismes de formation leur intention de mettre en oeuvre une FPC «vecteur de mise en oeuvre des engagements conventionnels». Le CPN-FPC soulignait sans équivoque : «La FPC doit promouvoir les thèmes prioritaires de maîtrise médicalisée inscrits dans la convention médicale.» Parmi ces thèmes prioritaires figurent la lutte contre l'iatrogénie médicamenteuse chez les personnes âgées, le dépistage précoce du cancer du sein, la prévention des risques cardio-vasculaires, des facteurs de risque pour la femme enceinte ou de l'obésité chez les jeunes, la diminution des prescriptions d'antibiotiques et de statines, d'anxiolytiques… «La formation ne doit pas être sacrifiée sur l'autel de la maîtrise médicalisée, confie le Dr De Béco. Nos associations fonctionnent bien et ont un bon taux de remplissage de leurs formations. Pourquoi mettre nos associations en danger et disqualifier la bonne réputation qu'avait la FPC jusqu'alors?» Les associations lésées s'inquiètent des répercussions de cette affaire sur l'image de la FPC à laquelle sont attachés les médecins ; 41 % des généralistes ont suivi une action de FPC entre 2001 et 2006.

> CHRISTOPHE GATTUSO

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8255