DANS UN spermatozoïde, les chromosomes ne seraient pas les seules molécules importantes pour la conception d'un enfant. Selon les derniers résultats d'une équipe de l'université Wayne State (Detroit, Michigan), les ARN messagers présents dans les gamètes mâles seraient transmis aux ovules et participeraient à des étapes essentielles de la fécondation et du développement embryonnaire.
Cette découverte explique le succès limité de techniques de reproduction telles que le clonage par transfert nucléaire ou la parthénogenèse : dans ces deux stratégies, aucun spermatozoïde n'est mis en jeu. Si les chromosomes d'origine paternelle sont facilement remplacés par des chromosomes d'origine maternelle, rien ne se substitue aux ARN messagers spécifiques du noyau des spermatozoïdes. Cette carence pourrait réduire les chances d'obtenir un zygote et altérer le développement embryonnaire.
Plus de 3 000 ARN messagers différents ont été détectés dans le noyau des spermatozoïdes humains. Il y a deux ans, les chercheurs de l'université Wayne State avaient proposé une hypothèse selon laquelle une déficience dans l'activité des gènes codant pour ces ARN pouvait être associée à certaines formes de stérilité.
Pas dans les ovules non fécondés.
Aujourd'hui, la même équipe publie des résultats qui prouvent que ces ARN messagers passent dans l'ovule lors de la fécondation : on peut les détecter dans les spermatozoïdes et dans les zygotes, mais pas dans les ovules non fécondés.
Pour Ostermeier et coll., ces ARN pourraient participer à l'activation ovocytaire, à la transition au cours de laquelle le contrôle de l'expression génétique passe du génome maternel au génome embryonnaire ou encore à la mise en place de l'empreinte parentale. Ils imaginent en outre que les ARN messagers ne sont pas les seuls ARN à passer des spermatozoïdes aux zygotes : des ARN interférents d'origine paternelle pourraient intervenir dans la régulation de l'expression génétique du zygote.
« Nature » du 13 mai 2004, p.154 .
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