Des chercheurs français (UMR 144 CNRS/institut Curie) ont réussi à fabriquer des anticorps tellement spécifiques qu'ils permettent de faire la différence entre la forme active et la forme inactive d'une même protéine. La disponibilité de ces anticorps devrait profiter non seulement à la recherche fondamentale, mais aussi au diagnostic de certaines pathologies.
Dans la cellule, les protéines peuvent exister sous plusieurs conformations : selon qu'elles sont actives ou inactives, sauvages ou mutées elles vont changer de forme. Dans de nombreux cancers, certaines protéines ne changent plus de forme en fonction des besoins de la cellule : elles restent en permanence bloquées sous leur forme active. D'autres maladies sont dues à des protéines mutantes qui adoptent une conformation anormale. C'est par exemple le cas de la maladie de Creutzfeldt-Jacob dans laquelle le prion, sous sa forme mutée, va adopter une conformation conduisant à son accumulation et, finalement, à la mort de la cellule.
Le travail réalisé à l'institut Curie par Franck Perez et ses collaborateurs (dans l'équipe de Bruno Goud) fournit une nouvelle approche pour le diagnostic de ces pathologies : en utilisant des anticorps sensibles à la conformation des protéines, il devrait être possible de détecter chez les malades des protéines mutantes ou anormalement figées dans un état particulier.
Peu coûteux et obtenus en quelques jours
La technique ayant conduit les chercheurs a obtenir des anticorps aussi spécifiques se fonde sur l'utilisation d'une gigantesque banque d'anticorps humains exprimés à la surface de bactériophages (technique du « Phage Display »). Toutes les procédures se déroulent in vitro. Cette technique est peu coûteuse, ne demande que quelques jours de travail et permet d'accéder à la séquence génomique de l'anticorps sélectionné. Elle devrait théoriquement être applicable à n'importe quelle cible. Pour l'instant, les chercheurs l'ont utilisée pour produire un anticorps spécifiquement dirigés contre la forme active de Rab6, une protéine associée à un mauvais pronostic dans certains cancers du sein.
C. Nizak et coll., « Science » du 9 mai 2003, pp. 984-987.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature