L'OMS estime que 170 millions de personnes environ, soit 3 % de la population mondiale, sont infectées par le virus de l'hépatite C (VHC) et exposées au risque de cirrhose ou de cancer du foie. Et de trois à quatre millions de personnes sont infectées chaque année par le VHC, qui se transmet principalement par contact direct avec du sang humain.
Il n'existe toujours pas de vaccin contre l'hépatite C. La recherche avance, mais un problème majeur pour développer un vaccin ou une immunothérapie contre le VHC réside dans l'extrême variabilité du virus.
Des anticorps neutralisants chez des malades.
Le fait de n'avoir jamais observé la moindre réponse protectrice après une infection par le VHC constitue également un obstacle pour le développement d'un vaccin. On ignore si le système immunitaire est capable de débarrasser l'organisme de ce virus. Certaines études ont toutefois mis en évidence la présence d'anticorps neutralisants chez des malades porteurs du virus.
Le Pr Dennis Burton, du Scripps Research Institute (La Jolla, CA), et son équipe décrivent dans la revue « Nature Medicine » un travail très prometteur. Le Pr Burton est un expert de premier plan sur les anticorps et on le considère comme un favori dans le domaine du vaccin contre le VIH.
Law, Burton et coll. rapportent l'identification d'anticorps monoclonaux humains capables de neutraliser invitro des souches génétiquement diverses du VHC. Ces anticorps se révèlent être dirigés spécifiquement contre la région antigénique 3 (AR3).
Ils montrent, de plus, que ces anticorps neutralisants spécifiques d'AR3 peuvent conférer une protection contre une infection virale hétérologue, au moins dans un modèle de souris chimérique porteuse de cellules hépatiques humaines.
Dans cette expérience d'immunothérapie passive, ils ont administré les anticorps (par voie intrapéritonéale) aux souris humanisées ; puis ces rongeurs ont reçu une injection intraveineuse de sérum humain infecté par le VHC (génotype 1a), afin de simuler une exposition naturelle humaine.
Réduire la virémie à des taux indécelables.
Les résultats sont étonnants. Tandis que les souris témoins (n = 4) deviennent infectées et présentent une virémie élevée de façon prolongée, les neuf souris qui ont reçu le transfert passif d'anticorps parviennent au 6e jour après l'inoculation virale à réduire la virémie à des taux indécelables, ce qui définit la protection dans ce modèle.
Entre la deuxième et la quatrième semaine, de façon concomitante avec le déclin des anticorps protecteurs, quatre des neuf souris développent à nouveau une virémie élevée, mais les cinq autres restent encore protégées à la sixième semaine.
En résumé, selon les chercheurs, il est donc possible d'utiliser des Ac monoclonaux anti-AR3 pour conférer une protection contre une infection VHC hétérologue. Puisque des concentrations élevées d'Ac ont été requises pour cette protection, notent-ils, «des préparations d'Ac plus puissantes seront probablement requises en immunothérapie… Ainsi, malgré la diversité considérable du VHC, les perspectives pour développer un vaccin contre ce virus semblent être favorables».
L'immunothérapie passive serait utile dans la prévention de l'infection du greffon par le VHC (lors de la transplantation hépatique chez les sujets VHC-infectés), dans la prophylaxie des contaminations accidentelles (personnel infirmier par exemple), et peut-être dans la prévention de la transmission du VHC de la mère à l'enfant.
Law et coll. « Nature Medicine », DOI : 10.1038/nm1698.
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