Des essais concluants chez des souris infectées

Des anticorps monoclonaux humains contre le H5N1

Publié le 24/05/2007
Article réservé aux abonnés

«L'ÉVENTUALITÉ d'une pandémie au virus H5N1 ou à un autre virus contre lequel les humains n'ont pas d'immunité naturelle représente un défi particulièrement préoccupant dans le domaine de la santé publique», a rappelé Anthony Fauci, du Niaid. «Si les données de cette étude préliminaire se confirment, et se traduisent en résultats cliniques et expérimentaux, cela signifierait que des anticorps humains monoclonaux pourraient avoir une valeur thérapeutique et prophylactique au cas où une pandémie surviendrait.»

L'étude, publiée dans « PLoS Medicine », est issue de la collaboration entre ces équipes et des chercheurs suisses et vietnamiens.

Le recueil du sang de patients touchés entre janvier et février 2005.

Entre janvier 2004 et février 2005, quatre Vietnamiens ont été atteints d'une grippe aviaire à H5N1 dûment diagnostiquée. Un recueil de leur sang a été réalisé au décours de leur guérison (par Cameron Simmons, Hô Chi Minh).

Le Dr Antonio Lanzavecchia, en Suisse, a réalisé une extraction des lymphocytes B mémoire, qui produisent les anticorps. Une mise en culture en association à du virus EBV pour immortaliser les cellules a permis qu'elles continuent à produire des quantités appréciables d'anticorps.

Ensuite, les chercheurs du laboratoire du Dr Subbarao ont réalisé un criblage parmi 11 000 échantillons contenant des anticorps fournis par l'équipe suisse. Ils en ont décelé quatre capables de neutraliser le virus H5N1.

Le Dr Lanzavecchia a purifié des anticorps monoclonaux neutralisant spécifiquement H5N1.

Charge virale très réduite dans les poumons.

L'équipe du Niaid a testé ces anticorps chez des souris. Par groupes de cinq, des souris ont reçu soit deux anticorps anti-H5N1 humains, soit des anticorps contre le charbon ou la diphtérie. Le lendemain, les souris ont été soumises à des doses létales de virus.

Les souris témoins (celles qui ont reçu les anticorps d'autre nature) sont toutes tombées malades rapidement et sont décédées, quelles que soient les doses administrées. Mais les souris qui ont reçu les anticorps anti-H5N1 ont survécu à 80 %, tout du moins pour celles qui ont eu les doses les plus élevées.

Les analyses complémentaires ont montré que les souris recevant l'un ou l'autre des anticorps présentent des charges virales intrapulmonaires entre dix et cent fois inférieures à ce que l'on observe chez les témoins. De plus, chez ces souris, très peu de virus ont migré au-delà des poumons.

Les chercheurs ont ensuite testé le potentiel thérapeutique des anticorps. Ils ont infecté des souris par des doses létales du H5N1 qui circulait au Vietnam en 2004 et donné les anticorps 24, 48 et 72 heures plus tard. Au total, 58 des 60 souris traitées ont survécu, tandis que toutes les souris d'un groupe témoin qui n'avaient reçu aucun anticorps sont mortes.

«Les quatre anticorps testés ont conféré une protection robuste. Le plus surprenant est que les taux de survie sont excellents, y compris lorsque le traitement a été retardé et donné trois jours plus tard.»

Une souche H5N1 différente.

Encouragés par ces résultats, les chercheurs ont ensuite recherché le pouvoir de ces anticorps contre une souche de H5N1 différente. Et trouvé que trois des anticorps induits par une souche de 2004 ont eu un effet préventif contre une infection conférée par une souche de 2005.

«Ce qui suggère que les anticorps humains peuvent donner une protection élargie contre différents variants de H5N1. Une qualité importante, compte tenu du pouvoir d'évolution rapide du virus.»

Dr Kanta Subbarao et coll. « PLoS Medicine », 29 mai 2007.

> Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8172