LES ANTICORPS monoclonaux que l'on pensait promis à un bel avenir en cancérologie dans les années 1980 pourraient connaître un regain d'attractivité auprès des chercheurs. Les premiers essais de ces bloqueurs des récepteurs cellulaires avaient été très décevants et leurs indications restaient encore limitées. Mais le travail de l'équipe de Meiji Zhang (Bethesda) pourrait donner un nouvel élan à la recherche. Ces chercheurs ont eu l'idée d'utiliser les anticorps monoclonaux comme un vecteur spécifique d'éléments radionucléaires qui pourraient s'attaquer de façon directe et exclusive aux cellules tumorales.
Le choix des auteurs s'est porté sur l'anticorps anti-CD30. Le récepteur CD30 est l'un des membres de la superfamille des liants au TNF qui comporte d'autres représentants, tels que TNF-R1, TNF-R2, Fas-R2, CD40 et CD27. Chez les patients atteints de différents types de cancers tels que la maladie de Hodgkin, les lymphomes anaplasiques à grandes cellules, les lymphomes médiastinaux à cellules B, les carcinomes embryonnaires, les séminomes et les mésothéliomes, il existe une surexpression de CD30 au sein des cellules tumorales. Dans tous les autres tissus, l'expression de ce récepteur reste normale et limitée aux cellules T et B activées, à certains thymocytes et à des cellules du lit vasculaire.
Deux types de radioéléments : At211 et Y90.
L'équipe du Dr Zhang a armé un anticorps monoclonal anti-CD30 (HeFi-1) avec deux types de radioéléments : At211, un émetteur alpha doté d'une demi-vie courte (7,2 heures) et testé dans le traitement des leucémies, et Y90, un émetteur bêta plus spécifiquement destiné à lutter contre les tumeurs de plus grande taille, tels les lymphomes.
Dans un premier temps, les auteurs ont analysé le potentiel antiprolifératif de HeFi-1 associé ou non avec de l'At211 sur une culture de cellules karpas 299 (modèle de leucémie). La première de ces substances a permis une inhibition de 60 % de la culture cellulaire, alors que la seconde a été dotée d'un potentiel d'activité de 40 %. L'association des deux composés a permis une réduction de 80 % de la prolifération cellulaire.
Dans un second temps, les traitements ont été testés sur des modèles animaux. Les souris greffées avec des cellules karpas 299 qui ont reçu du HeFi-1 associé à de l'At211 ont survécu plus longtemps que celles traitées avec du HeFi-1 seul. Le traitement HeFi-1 plus At211 a permis une inhibition de la croissance tumorale, qui a été confirmée, dans le sérum, par une baisse du taux des récepteurs à l'interleukine 2 soluble. L'association HeFi-1 At211/HeFi-1 a permis, in vivo comme in vitro, de majorer encore la survie des animaux. Le deuxième modèle animal choisi par les auteurs consistait en une greffe de cellules SUDHL-1 lymphomateuses chez des souris. La survie des animaux traités par HeFi-1 Y90 a été majorée de façon significative par rapport aux animaux témoins, ce qui tend à prouver que la thérapeutique est efficace, même sur les tumeurs de plus grande taille, et qu'elle n'entraîne pas d'effets indésirables létaux au cours du suivi.
HeFi-1 plus At211 a permis une inhibition tumorale.
Les auteurs reviennent enfin sur l'efficacité de l'association HeFi-1 At211/HeFi-1. Il semblerait que, du fait de l'existence de HeFi-1 non modifiée, l'action thérapeutique ne requiert qu'une activation limitée de fcRgamma I, III et IV, ce qui pourrait à la fois majorer l'action sur les cellules tumorales et protéger les cellules saines.
Proceedings of the National Academy of Sciences, édition avancée en ligne.
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