TOUS les patients souffrant de trisomie 21 présentent des troubles de l'apprentissage et de la mémoire. Selon les recherches les plus récentes, ces déficits cognitifs seraient dus davantage à des réductions de synapses excitatives et à une réorganisation des connexions dans des régions spécifiques, qu'à des anomalies neuroanatomiques.
Sur le modèle murin de l'affection, la souris Ts65Dn, on constate l'existence d'une inhibition excessive au niveau du gyrus dentelé de l'hippocampe, région qui sous-tend le traitement des informations pour la mémorisation. Les synapses sont capables d'exprimer une potentialisation à long terme (ou LTP) normale, mais la LTP est empêchée par une inhibition excessive liée au GABA.
La LTP, augmentation d'amplitude de la réponse postsynaptique à la suite d'une intense activation présynaptique, est un processus de renforcement synaptique très étudié pour son rôle probable dans plusieurs types de mémoire.
On suppose que la capacité des animaux à apprendre et à se remémorer est encodée à un niveau synaptique. Et que cela implique la capacité de changements à long terme des synapses. Selon des observations récentes, une LTP intervient au niveau de l'hippocampe pendant l'apprentissage et est nécessaire à la mémoire.
Forts de ces différents arguments, Fabian Fernandez et coll. ont tenté de donner aux souris Ts65Dn un antagoniste du GABA. Ils observent que ce traitement, pendant une période prolongée, permet une récupération des aptitudes de mémorisation.
Le travail, d'une part, conforte l'hypothèse que l'inhibition excessive contribue aux troubles intellectuels associés à la trisomie 21 et, d'autre part, suggère que les antagonistes du GABA pourraient être utiles pour améliorer ces troubles.
Une molécule épileptogène.
Les souris ont été testées comparativement à des souris sauvages avec un antagoniste GABA, la picrotoxine ou bilobalide, une molécule épileptogène (à des doses non convulsivantes) et en « crossing-over » avec une solution saline. L'étude a duré quatre semaines et s'est appuyée sur un test de reconnaissance d'objets nouveaux ou présentés de manière répétée.
Les performances de reconnaissance des objets ont été significativement améliorées sous l'inhibiteur du GABA. De plus, l'amélioration s'est maintenue lors des tests ultérieurs, de une à deux semaines après l'arrêt du produit, chez les souris qui l'avaient reçu pendant quatre semaines.
Les auteurs se sont ensuite attachés à évaluer les effets d'un produit utilisé en expérimentation de longue date, le pentylenetetrazole (PTZ, antagoniste GABA non compétitif). Ils ont observé une récupération des fonctions de remémoration, maintenue cette fois deux mois après le traitement. Ils confirment ces observations en montrant une amélioration de la LTP au niveau du gyrus dentelé des animaux traités, amélioration là aussi encore présente deux mois après le traitement.
« Nature Neuroscience », édition en ligne.
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