Outre la nuisance qu'elles apportent à la qualité de vie, les décharges de déchets à risque retentissent sur les enfants à naître. Ce que rapporte dans le « Lancet » la seconde partie de l'enquête européenne EUROHAZCON*. Un taux plus élevé d'anomalies chromosomiques est relevé chez les enfants nés de parents résidant à moins de 3 km de ces sites. La première partie de l'enquête avait mis en évidence, en 1998, une augmentation de 33 % du risque d'anomalies non chromosomiques dans ce périmètre.
Dans cinq pays européens (Danemark, Royaume-uni, France [Lyon], Belgique et Italie), 23 sites à risque ont été soumis à l'étude. La comparaison a porté sur des sujets résidant soit à l'intérieur d'un périmètre de 1 à 3 km, soit plus loin, dans une bande de 3 à 7 km. Les personnes résidant dans ce second secteur servant de témoins. Au total, 245 naissances anormales ont été relevées pour 2 412 contrôles.
Un odds ratio ajusté de 1,41
Il apparaît, à l'analyse statistique, que l'odds ratio ajusté de naître avec une anomalie chromosomique est de 1,41 (95 % CI : 1,00-1,99). Si l'on tient compte de l'âge maternel, il s'abaisse à 1,32. Les auteurs rappellent que le risque d'anomalie non chromosomique était de 1,33. L'odds ratio ne diffère pas selon les sites étudiés. Une étude centrée sur le risque ou non de trisomie 21 l'estime à plus de 1 dans chaque situation, mais le chiffre n'est pas significatif.
Curieusement, le risque ne diminue pas nettement avec l'éloignement. L'odds ratio est majeur pour les bandes -0-1 et -2-3 km, plus faible pour les zones 1-2 km et 3-4 km. Le tout comparé au cercle 5-7km.
Au total, les auteurs constatent un surrisque similaire entre les anomalies non chromosomiques et chromosomiques. Ils y voient deux interprétations possibles. Soit il existe une relation de cause à effet entre la proximité d'une décharge et le risque d'anomalie congénitale, avec des effets à la fois tératogènes et mutagènes, soit il n'existe pas de relation. Dans ce cas, l'étude est victime d'un biais commun ou du hasard dans la sélection du pool des naissances contrôles. Les auteurs ont pourtant tenu compte de mauvaises estimations du risque, des « migrations », des expositions professionnelles ou industrielles. Il existe cependant, dans les groupes de niveau socio-économique faible, un risque majoré d'anomalies non chromosomiques et abaissé d'anomalies chromosomiques, par rapport aux gens plus aisés. L'âge des mères serait, ici, le principal responsable.
Quant à connaître l'origine des malformations génétiques, les auteurs évoquent, en rappelant un travail antérieur, la toxicité chromosomique de composants en plastique, tels que le styrène. Sur ce point, de nouvelles études seront nécessaires.
« Lancet », vol. 359, 26 janvier 2002, pp. 320-322.
* Pour la France, Institut européen des génomutations, Lyon (Dr E. Robert).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature