«LISTE non exhaustive». c’est ainsi qu’est complété, dans « Toxicologie Clinique », chaque titre de chapitre sur les divers types de plantes responsables d’intoxication. Et pourtant, Chantal Bismuth et C. Pulce y décrivent déjà près de cent-cinquante baies, bulbes et rhizomes, plantes ornementales, sauvages ou exotiques.
Les plantes de toutes espèces peuvent être délétères par deux biais : une toxicité par voie générale (aiguë ou chronique) ; une toxicité cutanée. Au niveau cutané, les dermites peuvent être soit irritatives soit allergiques. Avec, parfois, comme facteur aggravant, l’exposition solaire. Les éléments pénétrants qui recouvrent, entre autres, les roseaux, la bourrache, les figues de barbarie, les baies d’églantier (poil à gratter) provoquent des dermites irritatives souvent papuleuses et très prurigineuses. Dans d’autres cas, l’irritation provient d’une substance chimique contenue dans le végétal. Citons le bouton d’or, certaines marguerites, les anémones, les clématites, les orties (bien sûr), les renoncules. Les dermites allergiques peuvent se traduire par une urticaire ou un eczéma de contact (le « tulip finger » des vendeurs de tulipes). Quelques plantes courantes sont citées : laurier, primevère, lys, dahlia... S’y ajoutent des légumes ou des fruits : artichaut, carotte, céleri, agrumes, thym, romarin.
Intoxication aiguë.
Quant à la toxicité par voie générale, éliminons d’emblée la forme chronique, fait d’une phytothérapie mal utilisée, pour évoquer d’une façon générale, ce qui se produit au cours d’une ingestion accidentelle.
Il s’agit alors d’une intoxication aiguë. Un enfant peut ingérer des baies ou des morceaux de feuilles (heureusement en quantités généralement faibles). Mais, chez un adulte, l’intoxication peut être aussi la conséquence d’une confusion alimentaire ou, rarement, de l’ingestion dangereuse d’un produit préparé de type extrait ou essence.
Il n’est pas possible de rapporter ici la quantité de fruits ou de baies (d’ornement ou de culture) éventuellement dangereux : ils sont plus d’une centaine. L’expérience montre le plus souvent une discordance entre la toxicité théorique et la symptomatologie observée, dans le sens de la bénignité.
Les baies sont classées selon leur mode de toxicité.
Parmi les plantes à faible toxicité et qui donnent presque exclusivement une symptomatologie digestive, citons les baies de bourdaine, de chèvrefeuille des bois ou des jardins, d’églantier, de laurier-cerise ou de laurier-tin, de pommier d’amour, de sureau noir. Une toxicité digestive ou cutanée se rencontre, en raison de principes actifs irritants et/ou laxatifs, dans : les arums, la vigne vierge, le tamier.
Une toxicité extradigestive n’apparaît que pour des quantités plus élevées, dépassant dix baies. En pratique, ces doses sont exception- nellement atteintes dans l’intoxication de l’enfant. Elles peuvent provenir de l’amandier amer (troubles neurologiques et respiratoires), de buis (troubles neurologiques et respiratoires), de chèvrefeuille des haies (troubles neurologiques et cardiaques), de fusain d’Europe (action digitaline-like), de gui (paralysie sensitivo-motrice, hypotension, fibrillation ventriculaire…), de houx (somnolence, convulsions, coma).
Une intoxication sévère justifiant une hospitalisation pour évacuation digestive existe avec la belladone (riche en alcaloïdes), l’if (morphinomimétique et cardiotoxique) ou le troène (coma, tachyarythmie…).
Les bulbes ou rhizomes aussi peuvent être impliqués dans des accidents. Tout simplement en raison d’une confusion alimentaire avec des oignons ou des échalotes : iris, narcisse, jacinthe, jonquille ou tulipe. Accidents possibles également avec les plantes ornementales : anémone, anthurium, pavots ornementaux, ficus, marronnier, philodendron, thuya.
Enfin, au chapitre des plantes sauvages existe la célèbre ciguë, la colchique ou la digitale (quelques fleurs suffisent à un intoxication grave chez l’enfant). Quant aux plantes exotiques, elles sont rarement incriminées en France.
C. Pulce, « Intoxications par les plantes », dans « Toxicologie clinique », Ch. Bismuth et coll., Médecins Sciences, Flammarion éd.
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