VOILÀ DÉJÀ plusieurs années que la Catho de Lille travaille à l'intégration des sourds dans le système de santé. Elle propose depuis dix ans un module d'initiation à la culture et au langage des signes, dans le cadre de sa formation d'infirmière, et a ouvert, à l'hôpital Saint-Philibert-de Lomme, une consultation spécialisée dans l'accueil des sourds.
À la rentrée prochaine, c'est son école d'aide-soignants qui va s'ouvrir aux personnes sourdes de naissance : six étudiants – trois garçons et trois filles – vont intégrer la formation, et suivre le cursus avec l'aide d'un traducteur-interprète.
Les six candidats admis au concours ont suivi cette année un cycle préparatoire adapté à leur handicap. Les enseignants se sont efforcés de rendre leurs cours plus concrets et visuels. Et les étudiants ont bénéficié pour la partie pratique et les mises en situation de l'aide d'un interprète qui les a également assistés lors du concours. «La traduction a été délicate car tous les termes n'ont pas leur équivalent en langage des signes, explique Bernadette Miroux, directrice de l'Institut de formation en santé de l'université catholique. L'interprète avait donc une responsabilité morale vis-à-vis du candidat. Le jury a été cependant très surpris par l'adaptabilité des personnes sourdes, et leur capacité à argumenter leurs choix.»
À la rentrée de septembre, les six étudiants bénéficieront d'un interprète pour les cours, financé par l'AGEFIPH, dans le cadre de la loi de 2005 sur le handicap. Pour les stages de terrain, ils devront faire preuve d'adaptabilité afin de s'intégrer aux équipes soignantes. L'idéal serait qu'au moins un soignant connaisse le langage des signes pour faire le lien.
La première promotion trouvera sans doute des débouchés dans le nouvel établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) que l'Université catholique projette d'ouvrir à Lomme. Sur une capacité de 82 lits, il en réservera 42 à des sourdes de naissance, qui préfèrent souvent partager leur fin de vie avec des personnes ayant le même handicap et la même culture qu'eux. Mais les débouchés des jeunes diplômés ne se limiteront pas aux établissements spécialisés. La nouvelle formation vise en effet l'intégration des aides-soignants sourds dans tous les services hospitaliers.
À terme, si l'expérience est probante, elle pourrait être étendue à d'autres formations, comme celle d'auxiliaire-puéricultrice. Et pourquoi pas, à l'école d'infirmières. «Mais là, l'intégration est plus complexe, car dans ce métier, toutes les transmissions d'une équipe à l'autre se font à l'oral, et cela implique que les membres de l'équipe maîtrisent le langage des signes», souligne Bernadette Miroux, qui souhaite déjà relever le challenge avec ses élèves aide-soignants.
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