TAGUE le mouton est une structure psycho-éducative de soutien aux adolescents confrontés, directement ou à travers leur famille, à l'infection par le VIH. Cette structure spécifique a été créée en 2000, au sein d'une association plus littérairement baptisée Dessine-moi un mouton, fondée, elle, en 1990 pour aider les enfants et les familles touchés par l'infection. Comme l'explique Laurent Armand, psychologue et responsable de Tague le mouton, «nous suivions initialement des enfants contaminés par voie materno-foetale. Mais en dix ans, ces enfants ont grandi. Par ailleurs, les jeunes contaminés à l'adolescence qui, hier, rejoignaient des associations militantes, se tournent aujourd'hui plus volontiers vers des structures non étiquetées toxicomane ou homosexuel. Enfin, nous recevons des jeunes issus de l'immigration, dont beaucoup découvrent leur séropositivité à leur arrivée en France».
Considérant que les messages de prévention destinés aux adolescents sont mal adaptés, une dizaine de jeunes de Tague le mouton se sont lancés il y a deux ans dans la réalisation de deux courts métrages, correspondant à ce qu'ils auraient eux-mêmes attendu comme message. Ces deux films ont pu être réalisés grâce au soutien de l'Inpes (Institut national pour la prévention et l'éducation en santé) et des Laboratoires Janssen-Cilag, et avec l'aide de professionnels, Claude Théret et Pierre-Henri Loÿs. L'un, baptisé « Ils sont venus vous dire… », est un recueil de témoignages ; l'autre, « Z'avez pas vu Léon ? », est une fiction, tournée avec le rappeur Stomy Bugsy, parrain de l'association.
La fiction met en scène une soirée entre jeunes, à l'ambiance plutôt jus de fruits, qui sert de prétexte au rappel des notions habituelles sur les modes de prévention, les comportements à risque – ou sans risque et ne justifiant pas l'ostracisme –, le tout complété de quelques éléments de base sur l'évolution de la maladie. On voudrait croire ces notions parfaitement connues et leur rappel inutile. Il n'en est sans doute rien. Concernant le préservatif féminin, par exemple, opportunément sorti d'un sac à main par le chien Léon, et déployé pour les besoins de la cause par une jeune personne très sûre d'elle-même, on peut se demander combien d'adolescentes connaissent effectivement son existence.
Le misérabilisme à outrance est évité.
Les témoignages, eux, cherchent à expliquer ce que vivent au quotidien des adolescents séropositifs, ou des jeunes dont un parent est décédé du sida. Les plans fixes de visages parfois floutés donnent une force à la parole. Le misérabilisme à outrance est évité. Certes, des réflexions du type «C'est la honte pour la famille» viennent suggérer la normativité des univers communautaires. Mais on entend aussi des réflexions très positives sur l'empathie rencontrée par des adolescent(e)s annonçant leur séropositivité à leurs amis, voire à leur petit(e) ami(e). La seule constante est la dureté de la maladie en toile de fond. Ainsi, ce témoignage d'une adolescente sur le rapprochement fait soudain, lors d'un cours en classe de 3e, entre les symptômes exposés par le professeur et les siens propres, inexpliqués et négligés jusque-là. Il faut tenter de se mettre à la place et dans la tête de l'élève à cet instant.
Les jeunes réalisateurs souhaitent bien entendu donner la plus large diffusion possible à ces deux films : collèges, lycées, associations, etc. Des contacts sont par ailleurs pris avec certaines chaînes de télévision. Il est vrai que, indépendamment même de leur vocation pédagogique, les témoignages ont une valeur documentaire certaine.
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