Peu de données sont disponibles sur l'état de santé des adolescents entre 15 et 20 ans. Par rapport aux autres classes d'âge, on sait qu'ils utilisent peu le système de santé. Lorsqu'ils consultent, ils sont plutôt motivés par un besoin curatif et immédiat.
Une précédente enquête réalisée par le Service de prévention et des actions sanitaires de la Seine-Saint-Denis avait montré par exemple que la couverture vaccinale n'était complète que pour seulement 26,9 % des adolescents de classe de 3e. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à cette carence de la couverture vaccinale : les jeunes ne consultent plus avec leurs parents, le système scolaire assure difficilement leur suivi vaccinal au-delà de l'âge de 11 ans et la fin du service militaire obligatoire a fait disparaître le suivi des appelés après 18 ans.
Afin d'évaluer le rôle du médecin généraliste, qui dans ce contexte peut être très important, et de compléter les données sur la couverture vaccinale des 15-20 ans, l'URML-IDF a réalisé une enquête auprès des médecins franciliens.
Dix questionnaires ont été envoyés à 3 000 généralistes issus de chaque département d'Ile-de-France. Chaque médecin devait fournir des renseignements pour chacun des dix premiers patients âgés de 15-20 ans qu'ils ont reçus ou visités entre le 15 septembre et le 15 octobre 2001.
« L'enquête a obtenu un grand succès auprès des généralistes franciliens, se félicite l'URML, car on compte 321 répondants pour près de 3 000 questionnaires revenus ».
Les résultats sont plutôt rassurants et démontrent « l'importance du rôle des médecins libéraux en matière de vaccination. Ils sont en première ligne pour informer les patients et les amener à se faire vacciner si besoin ».
La représentation des médecins répondants est globalement conforme aux données régionales par département, même si, à Paris, ils sont sous-représentés et, à l'inverse, surreprésentés en grande couronne (Seine-et-Marne, Yvelines, Val-de-Marne, Essonne). Il est à remarquer que Paris est aussi le département qui compte le plus de personnes âgées de la région (18 % de jeunes de moins de 20 ans). La proportion des femmes médecins généralistes n'est pas différente de celle de la population médicale francilienne (31 % versus 32 %). La totalité des médecins de l'enquête exercent en libéral (seulement 5 % ont un type d'exercice mixte).
Suivi médical régulier
Dans l'ensemble, les résultats montrent un suivi médical régulier pour la majorité des adolescents pris en charge par les médecins libéraux : 58 % de ceux qui ont été interrogés ont eu au moins deux consultations dans les douze derniers mois. Ils sont encore 44 % à avoir consulté entre deux et cinq fois et 14 % à l'avoir fait plus de cinq fois. Les filles consultent plus que les garçons. La fréquence des consultations varie avec l'âge. Elle est plus élevée entre 17 et 18 ans. Ce résultat est à mettre en parallèle avec le fait que la proportion de jeunes qui consultent diminue avec l'âge : elle est plus forte à 15 qu'à 20 ans.
A la question : « Le motif de la consultation est-il une demande de vaccination ? » les auteurs, non sans surprise, ont reçu 33 % de réponses positives. Selon eux, « ce chiffre élevé peut être expliqué par le fait que les questionnaires ont été remplis en période scolaire, qui est une période de vaccination ».
Concernant plus précisément le statut vaccinal, une très grande majorité des adolescents interrogés est à jour. Le pourcentage est de 95 % pour le BCG, 90 % pour le DTP (diphtérie, tétanos, polio), 86 % pour le ROR (rougeole, oreillons, rubéole), 78 % et 76 % pour la coqueluche et l'hépatite B.
Réticences vis-à-vis du vaccin anti-VHB
Ce sont en majorité les médecins généralistes libéraux qui ont pratiqué cette vaccination et parfois le médecin interrogé lui-même. Lorsqu'elle n'est pas à jour, le médecin ne prescrit la vaccination que dans 28 % des cas. Près de 20 % disent ne pas la prescrire. Dans ce cas, la principale raison invoquée est le refus ou la réticence, clairement exprimée, des parents et des adolescents eux-mêmes. On remarque que « la moitié de ces refus concerne spécifiquement la vaccination contre l'hépatite B ». Car, par ailleurs, 72 % des jeunes assurent qu'ils sont sensibles à l'intérêt de la vaccination.
Le besoin d'information vis-à-vis de la vaccination contre l'hépatite B est donc l'un des trois thèmes de réflexion qui ressortent de cette enquête. Un autre thème concerne les habitudes de prescription des médecins qui n'ont pas intégré certaines recommandations, en particulier sur le rappel contre la coqueluche. Ces recommandations devront être précisées. Enfin, et cela constitue une des propositions de l'URML-IDF, « la mise en place d'une consultation de prévention de tous les adolescents entre 16 et 18 ans par le médecin généraliste libéral permettrait à ces jeunes de bénéficier, outre d'une prise en charge globale, d'une surveillance de leurs vaccinations ».
Enfin, compte tenu du rôle des médecins, des campagnes d'information auprès d'eux peuvent avoir un rôle déterminant dans l'amélioration de la couverture vaccinale des adolescents.
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