Traitements de substitution

Des acquis positifs et un usage à améliorer

Publié le 16/01/2006
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LES TRAITEMENTS de substitution aux opiacés mis en place depuis plus de dix ans en France ont un impact positif aux niveaux sanitaire et social. Mais leur usage est à perfectionner, ont estimé des spécialistes réunis à Paris par le Laboratoire Schering-Plough, fabricant du Subutex (buprénorphine haut dosage). Environ 100 000 personnes, dont 80 000 sous buprénorphine haut dosage, en profitent, ce qui a permis de réduire de beaucoup les surdoses et les contaminations par le VIH. Le nombre de décès liés à l’héroïne a été divisé par cinq entre 1994 et 2002, et près de 3 500 vies ont été sauvées de 1996 à 2003, rapportent la Fédération française d’addictologie et l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé.

En outre, la substitution a entraîné une amélioration de la situation sociale pour un patient sur deux et la division par trois des infractions liées à la législation des stupéfiants concernant l’héroïne.

Pour le Dr Didier Jayle, président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, il serait judicieux de classer la buprénorphine haut dosage comme « stupéfiant » (« le Quotidien » du 12 janvier). Si des usages hors prescriptions médicales existent, comme pour d’autres psychotropes, tempère le Dr Jean-Pierre Daulouède, psychiatre et addictologue au centre Bizia de Bordeaux, le risque de surdose est «très nettement réduit par rapport au risque associé aux drogues de rue».

Les éventuels trafics ne constituent pas les seuls mésusages. Certaines prescriptions ne sont pas conformes aux recommandations et trop de patients (21 %) ignorent qu’il faut laisser fondre le comprimé cinq à dix minutes sous la langue pour une bonne assimilation par l’organisme. Par ailleurs, un généraliste sur quatre ordonne plusieurs prises quotidiennes, alors que l’efficacité est maximale avec une seule, fait remarquer le Dr Jean-Pierre Daulouède.

Pour sa part, le Pr Philippe-Jean Parquet, de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, compte beaucoup sur l’efficacité des contrôles des caisses d’assurance-maladie quant au bon usage de la buprénorphine haut dosage. Sur ce sujet, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes de la substitution dans certaines circonscriptions d’Ile-de-France et de Provence-Alpes-Côte d’Azur.

> PH. R.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7878