SAMEDI ET DIMANCHE à Montréal, les deux instances suprêmes de l'AMA (le comité exécutif et le conseil de fondation) ont fait le point sur les stratégies en cours d'élaboration avec les partenaires du monde sportif et les instances internationales concernées (Unesco et Interpol). Pour préparer la troisième conférence mondiale sur le dopage dans le sport, organisée à Madrid du 15 au 17 novembre, en partenariat avec le gouvernement espagnol, les dirigeants de l'agence sont revenus sur les grandes affaires qui défrayent la chronique : Balco, le scandale qui mine actuellement le base-ball aux Etats-Unis, ou le cas Puerto dans le cyclisme, qui révèlent l'activité toujours plus intense des trafiquants sur un marché très lucratif, mais, dans le même temps, l'efficacité croissante des autorités antidopage lorsqu'elles travaillent main dans la main avec les administrations en charge de la répression.
Le rapport commandé à l'Italien Alessandro Donati, ancien directeur de recherche du Comité olympique italien, a aussi alimenté le débat. Selon cette étude globale, la seule disponible à ce jour pour apprécier le volume total du trafic de substances dopantes à l'échelle mondiale, 31 millions de personnes au moins sont des consommatrices de substances interdites : pas seulement des athlètes et des bodybuildés, mais des militaires, des policiers et des personnalités du show-business. En extrapolant à partir des quantités de substances saisies de par le monde par les services des douanes et de police, le rapport avance des chiffres de consommation annuelle pour les différents types de produits : 70 tonnes de testostérone, 14 milliards de doses de stéroïdes anabolisants, soit environ 700 tonnes, 34 millions d'ampoules d'EPO. Des chiffres présentés comme des hypothèses basses. Des filières géographiques sont aussi mises au jour. C'est ainsi que la Chine est désignée comme «un acteur majeur, en plein essor, du marché noir de la drogue». C'est même l'émergence des Chinois sur ce marché qui, selon Alessandro Donati, serait à l'origine de la multiplication des réseaux mafieux russes, lesquels écoulent les produits d'Orient à destination des consommateurs de l'Union européenne et des Etats-Unis. Alors que les Jeux de la XXIXe Olympiade se dérouleront du 8 au 24 août 2008 à Pékin, de telles informations devraient inciter les dirigeants de l'AMA à redoubler leurs efforts en vue d'harmoniser le code mondial antidopage. A l'instar de la Chine, de nombreux pays restent en effet à ce jour dépourvus de réglementation antidopage. D'autres, comme la France, qui possède une agence nationale (l'Afld) et une législation répressive, restent néanmoins tributaires du bon vouloir des forces de police ou des douanes.
«A partir du moment où aucune loi ne dit que les produits figurant sur la liste (des substances interdites par l'AMA) sont interdits, vous ne pouvez rien faire, explique le directeur juridique de l'Agence mondiale, Olivier Niffli. Sur la base de la convention de l'Unesco sur le dopage (ratifiée à ce jour par une cinquantaine d'Etats, dont la France), l'AMA veut donc encourager les gouvernements à légiférer au plus tôt. »
Et les mauvais élèves comme Pékin pourraient être désignés, alors qu'Interpol est sur le point de conclure un accord de coopération avec l'agence. La police mondiale antidopage qui verrait ainsi le jour devrait se pencher en priorité sur le florissant trafic qui a pris son essor sur Internet, une pharmacie en ligne que le rapport Donati compare aux réseaux criminels pédophiles camouflés sur le Net.
Passeport de l'athlète.
Outre les stratégies de répression du dopage organisé sous ses diverses formes, le conseil de fondation et le comité exécutif de l'AMA ont abordé des projets scientifiques ambitieux, tel le « passeport de l'athlète ». Soutenu par plusieurs programmes pilotes qui étudient sa faisabilité technique, scientifique et juridique, ce concept vise à instaurer un suivi longitudinal des sportifs en stockant les données biologiques pour déceler d'éventuels profils anormaux. Des modèles font actuellement l'objet de tests, qui pourraient s'inspirer des acquis français en matière de traçabilité biologique du sportif de haut niveau.
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