LE SITE de l'association La Maladie Veineuse précise que « l'insuffisance veineuse est une maladie chronique, gênante, difficile à supporter au quotidien, qui peut, au fil des ans, s'aggraver pour aboutir à des pathologies lourdes. Aujourd'hui encore, alors que la prévention permet de retarder considérablement l'évolution de la maladie, l'insuffisance veineuse est encore trop souvent banalisée par le public et par les professionnels de santé ». Comme l'a souligné C. Le Pen, professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine, à propos d'une étude réalisée en 2003 et sur 6 827 individus, un quart des personnes interrogées souffre de troubles de la circulation veineuse des membres inférieurs et 16 % d'entre elles se traitent, essentiellement par des veinotoniques. En effet, 78 % des sujets qui se traitent en prennent et 90 % d'entre eux se déclarent très ou plutôt satisfaits de leur prise en charge.
La population traitée par veinotoniques est majoritairement composée de femmes (85 % des cas), plutôt âgées (près de six fois sur dix, elles ont plus de 50 ans).
Un report de prescription dans 40 % des cas.
Le déremboursement éventuel de ces produits suscite de la part des patients une opinion très défavorable, qu'ils soient utilisateurs actuels ou non. Dans la première catégorie, plus de 8 sujets sur 10 sont opposés au déremboursement, et ils sont plus de 65 % chez les non-utilisateurs. D'une manière générale, pour l'ensemble de la population, les troubles de la circulation veineuse sont une affection qui justifie le remboursement des veinotoniques. Dans leur immense majorité, ils réfutent l'idée selon laquelle le niveau de gravité de cette maladie n'est pas suffisant pour justifier le remboursement de cette classe thérapeutique. Ils sont 84 % de non-consommateurs et 88,6 % de consommateurs à partager ce point de vue.
L'étude précise également que la place des veinotoniques est essentielle dans la prise en charge des troubles veineux. Elle montre également qu'en cas de déremboursement de ces médicaments, l'attitude thérapeutique du corps médical vis-à-vis de l'insuffisance veineuse est modifiée si le patient exprime une réticence à prendre en charge à titre personnel les dépenses liées à la prescription des veinotoniques. Dans ce cas, selon Benoît Dervaux, chercheur en économie de la santé au Centre de recherches économiques, sociologiques et de gestion (Cresge), « la prescription de veinotonique n'est maintenue que dans 37 % des cas. L'abandon du veinotonique donne lieu à un report de prescription dans 40 % des cas, notamment vers les AINS et les antalgiques (52 % des reports), ainsi qu'à une augmentation des recours aux spécialistes (35 % des reports). Par ailleurs, les arrêts de travail deviennent plus fréquents. » Ainsi, étant donné l'attitude adoptée par les patients souffrant de troubles veineux vis-à-vis du coût de la prescription, les mesures de déremboursement « pourraient ne pas atteindre leurs objectifs initiaux en matière d'économies pour l'assurance-maladie ».
Comme l'a souligné le Dr Jean-Jérôme Gueix, président de la Société française de phlébologie, « la qualité de vie permet d'appréhender le service médical réellement rendu au patient ». En cas d'insuffisance veineuse, les critères objectifs, comme les troubles variqueux ou la dilatation des veines, doivent être complétés par les signes de retentissement de la maladie sur le vécu quotidien des malades. L'étude Utiles (Utilité des traitements de la symptomatologie veineuse fonctionnelle : évaluation et pertinence sociale) a démontré que la prise en charge des patientes et l'administration d'un veinotonique améliorent de façon statistiquement significative leur qualité de vie. Ainsi, le score douleur est passé de 44,7 en moyenne à l'inclusion à 33,1 au septième jour de traitement..
L'analyse des sous-groupes en fonction de la sévérité fait clairement apparaître que la qualité de vie est d'autant plus altérée que la pathologie est sévère. Toutefois, après sept jours de prise en charge, une amélioration de la qualité de vie est constatée dans les deux sous-groupes de malades. Le score Civiq (Chronic Venous Insufficiency Questionnaire) a été utilisé pour évaluer ce paramètre (Launois R, et coll. Quality of Life Research, 1996 ; 5 : 539-554). Il permet en effet d'obtenir un score d'intensité de la gêne, mais aussi d'apprécier l'importance que prend chacune des perturbations identifiées dans le vécu quotidien des patients. Entre le premier et le septième jour de traitement, les scores totaux moyens sont passés de 26,2 à 18,5 pour les malades les moins gênés, et de 36,3 à 27,3 pour les sujets ayant une insuffisance veineuse plus importante.
D'après la table ronde : « Actualités et nouvelles études socio-économiques dans la maladie veineuse » organisée par l'Association de la maladie veineuse.
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