ELLES SONT ENCORE 300 à 400 en France, épouses de chirurgiens pour la plupart, à régulièrement offrir leur aide lors d'interventions au bloc, sans disposer toutefois d'autre diplôme que la formation sur le tas que leur a fournie leur mari. Elles n'opèrent pas, se cantonnent à des gestes basiques, comme passer les instruments, ou faire un point de suture. Bientôt, ces aides opératoires, qu'elles soient bénévoles ou salariées, ne pourront plus travailler, si elles ne réussissent pas l'examen de validation des compétences qui se déroulera en octobre prochain.
Les pouvoirs publics, en organisant cette épreuve, lancent la dernière phase d'un processus de régularisation amorcé il y a plusieurs années. En 2003, 2 600 aides opératoires salariés ont obtenu un diplôme d'Etat leur donnant le droit de poursuivre leur activité. Aujourd'hui, c'est au tour de celles qui n'ont aucun titre de prouver leurs compétences. En cas d'échec à l'examen, les portes des blocs opératoires leur seront définitivement fermées après le 31 décembre 2005.
Un décret et un arrêté parus au « Journal officiel » du 11 août 2005 fixent le déroulement des épreuves. Les inscriptions, sur dossier s'achèveront le 12 septembre. Pour le ministère de la Santé, 300 à 400 personnes sont concernées. La vérification des connaissances - une épreuve écrite sous forme de questionnaire à choix multiple - se déroulera le 13 octobre 2005. Une session de rattrapage est prévue le 28 octobre 2005.
Les syndicats médicaux accueillent positivement la nouvelle. « Il est logique, et souhaitable, de reconnaître les connaissances acquises sur le tas, cette validation après contrôle est une bonne chose », estime le Dr Dinorino Cabrera, président du Syndicat des médecins libéraux (SML). Pour le Dr Jean-Gabriel Brun, le problème concerne surtout les cliniques privées. « L'hôpital est plus réglo car il y a plus de personnel », dit le président de l'Union collégiale des chirurgiens et spécialistes français (Uccsf), qui parle d'une « bonne mesure ».
La réplique des « Ibodes ».
Mais très vite, une polémique est née, opposant le corps médical et les infirmiers. Car, parmi les infirmiers de bloc opératoire diplômés d'Etat (Ibodes), on ne voit pas forcément d'un bon œil la possibilité de régularisation offerte aux femmes de médecin. Concurrence déloyale, emplois au rabais... Les attaques fusent par médias interposés. Et provoquent l'ire des chirurgiens. Le Dr Brun regrette les « dérapages » radiophoniques d'un syndicat infirmier, et affirme : « On ne demande qu'une chose, être aidés par des Ibodes, mais il n'y en a pas » assez. Le Dr Cabrera, lui, parle de « faux problème ». « Les personnes habilitées à passer le nouvel examen travaillent au bloc au minimum depuis treize ans et elles savent ce que sont l'asepsie, les infections nosocomiales, etc., explique le président du SML. On ne peut pas dire que ce sont des bonnes à rien. Ce système ne fait d'ombre à personne, puisque l'on manque d'Ibodes. Il s'agit juste de réparer une injustice. »
Dernière précision : l'obtention du diplôme n'est assortie d'aucune garantie en termes de rémunération ou de statut. Bénévolat, rétrocession d'honoraires, salariat : le chirurgien reste libre de choisir la façon dont il entend récompenser son aide opératoire.
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