ZENON
On peu comprendre l'intérêt qu'il y aurait à préconiser la commémoration de la première victoire de Mitterrand à la présidence, le 10 mai 1981 : ce serait, non seulement à créer un jour férié de plus en ce joli mois, mais, venant deux jours après le jour de la Victoire du 8-mai, ce ne serait plus un pont, mais un gué à marée basse. Cette année, avec un 8-mai tombant un mardi, le 10 le jeudi, c'est toute la semaine qui eût été fériée !
Mais la mémoire de notre président de quatorze ans n'aura pas cette consécration suprême : avoir un jour férié à son nom, c'est beaucoup plus que la canonisation ! Non, François Mitterrand aura gêné son monde et son antimonde jusqu'au bout. Au-delà de la littérature sur l'homme, qui devient superfétatoire, ce sont les hommages de la presse et du monde politique qui furent les plus pénibles à voir, et à lire.
Une série interminable, et dans « Le Monde », et dans « Libération », et, allais-je dire, surtout, dans « Le Figaro », fasciné-dégoûté, mais toujours en rajoutant, comme si le sujet voulait qu'aucun penseur n'y aille pas de son brin de plume. Fascination de Jean d'Ormesson, détestation de Stéphane Denis, souvenirs, souvenirs des autres.
Et surtout, avaient l'air de dire les rédacteurs en chef, « ne faites pas court ».
Une demi-page de journal était le minimum du genre. Heureusement que le talent des secrétaires de rédaction nous permettait de ne lire que les titres et les « inter » ! Pendant ce temps-là, cédant à la mode, les Amis de Jacques Chirac, réunis au musée des Arts forains - ce drôle d'endroit où Philippe Séguin avait présenté ses 577 colistiers pour Paris - parlaient surtout des derniers développements de l'affaire... « Loft Story » ! Laquelle éclipsait également l'émission d'entretiens de Mitterrand avec Elkabbach, publiée en rondelles, où nous savions que nous n'apprendrions rien. Trop tôt, peut-être ; trop d'ombre, sans doute ; d'autres préoccupations, surtout. Après tout, c'est surtout sous le président Mitterrand que la France s'est mise à commémorer à tout-va. Peut-être les Français préfèrent-ils sagement prendre le temps de se remémorer. « Ni cet excès d'honneur, ni cette indignité »... Vive la commémoration congrue !
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