La sismothérapie (ST) est utilisée pour le traitement des troubles psychiques depuis les années 1930. Il demeure une certaine part d'empirisme, car on ne connaît pas avec précision les bienfaits ni les effets adverses de la ST.
C'est pourquoi un groupe de spécialistes s'est réuni pour établir des données plus précises. Le UK ECT (United Kingdom ElectroConvulsive Therapy) Group s'est livré à l'analyse de toutes les études sur la sismothérapie, randomisées comme observationnelles, à partir du moment où elles comportaient une comparaison de la ST versus des médicaments, ou bien avec rien, ou bien avec une simulation de ST ou bien des différents protocoles de ST entre eux. Les données concernant l'efficacité, les effets à long terme sur les fonctions cognitives (orientation, mémoire rétrograde et antérograde), et la mortalité ont été analysées.
Parmi 624 rapports trouvés sur des bases de données médicales, 73 études ont pu être considérées éligibles.
Les résultats concernent trois domaines.
Les symptômes dépressifs
La ST est plus efficace que la pharmacothérapie (18 études, 1 144 patients) et la ST bilatérale est plus efficace que la ST unipolaire, mais il est important que l'hémisphère dominant soit concerné et les doses élevées d'électrothérapie sont plus actives plus que les doses basses. Par ailleurs, la ST réelle est plus efficace que la simulation, ce qui atteste, s'il en est encore besoin, de la réalité d'un effet qui n'est pas placebo. Les preuves de la persistance à long terme de l'effet semblent moins convaincantes, même si les rechutes ne sont pas d'une fréquence particulièrement élevée après ST.
En somme, « la sismothérapie est efficace pour traiter les adultes qui présentent des troubles dépressifs simples et sans comorbidité significative, comme on l'a établi sur une échelle graduée », conclue-t-on.
Les mesures des fonctions cognitives
Les données sont parcellaires. Mais elles permettent d'identifier des altérations de la mémoire post-ST : des amnésies antérogrades et rétrogrades temporaires sont possibles. Les altérations cognitives sont de courte durée et apparaissent dose-dépendantes (trois ST par semaine causent plus de troubles cognitifs que deux, idem pour l'intensité et la durée du traitement). Mais les données analysées ne permettent pas de dire jusqu'à quel point ces défauts peuvent persister.
La mortalité
Trois études font apparaître une légère diminution de la mortalité, mais il n'est pas sûr que la ST soit une prévention efficace du suicide.
D'une manière générale, il semble y avoir une relation positive entre la quantité de courant administré à l'hémisphère cérébral dominant, l'efficacité clinique et les altérations cognitives.
Des limites
Enfin, le travail comporte des limites, avertissent les auteurs. Il ne permet pas de tirer de conclusions concernant les sous-groupes limités les plus à même d'être traités par ST : le post-partum, les sujets les plus âgés, ceux qui ont des troubles résistants aux traitements.
Ces résultats font apparaître la nécessité d'une négociation pour trouver le protocole de ST optimal, entre la dose de ST efficace pour l'amélioration des symptômes dépressifs et la dose qui est suffisamment basse pour éviter les troubles cognitifs.
Par exemple, si l'on veut obtenir une réponse rapide, la ST à appliquer est à haute dose et bilatérale. Mais il s'agit seulement des circonstances où les effets secondaires passent au deuxième plan. Si l'on n'est pas pressé sur le plan clinique, on peut adopter une attitude de prudence et se limiter à l'hémisphère non dominant, à une dose au seuil de la convulsivité.
« The Lancet », vol. 361, 8 mars 2003, pp. 799-808.
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