La poursuite, à plus ou moins long terme, d'un traitement antidépresseur semble pouvoir prévenir les rechutes chez les patients dépressifs à risque ayant bien répondu à une première thérapie. C'est ce qui ressort du travail réalisé par John Geddes (département de psychiatrie de l'hôpital Warneford, université d'Oxford) et ses collègues, se fondant sur l'analyse et la compilation des résultats obtenus au cours de 31 études randomisées incluant plus de 4 400 patients.
Les auteurs ont recensé tous les essais dans lesquels les effets d'un antidépresseur avaient été comparés à ceux d'un placebo, chez des patients ayant déjà suivi avec succès un tel traitement. Plus de 100 études de ce type ont été dénombrées, mais seules 31 d'entre elles répondaient à tous les critères exigés par Geddes et coll. (randomisation contrôlée, qualité des données suffisantes...).
Diminution du risque de rechute de 70 %
La quasi-totalité des classes d'antidépresseurs sont représentées dans les études prises en compte, mais les tricycliques et les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine sont les deux classes les plus représentées.
L'analyse de l'ensemble des données recueillies a permis d'observer une diminution du risque de rechute d'environ 70 % chez les sujets continuant à prendre des antidépresseurs après la fin de la phase aiguë de la maladie. Le risque de rechute des sujets sous placebo est en moyenne de 41 %, alors qu'il n'atteint que 19 % chez ceux prenant un antidépresseur.
L'effet à long terme de la prise d'antidépresseurs sur le risque de rechute des malades ne peut pour l'instant être évalué de manière satisfaisante, la majorité des études réalisées s'interrompant généralement au bout d'un an. Cependant, les données disponibles concernant des sujets ayant poursuivi leur traitement pendant 36 mois semblent indiquer que l'effet bénéfique des antidépresseurs sur le risque de rechute persiste à long terme.
Geddes et coll. concluent en soulignant qu'il n'est pas possible d'établir des règles permettant de déterminer chez quels patients proposer un antidépresseur à long terme. Cette possibilité doit être évaluée en fonction du risque de rechute et des préférences du patient. « Cependant, pour les patients qui ont toujours un risque appréciable de rechute après 4 à 6 mois de traitement par antidépresseurs, une année supplémentaire de traitement devrait approximativement diviser par deux les risques de récurrence de la maladie. » Pour les auteurs, des études supplémentaires devront être réalisées pour qu'il soit possible d'établir la durée optimale des thérapies proposées aux sujets dépressifs. Par ailleurs, il serait intéressant d'inclure dans ces études des malades présentant de faibles risques de rechute, ces derniers étant très peu représentés dans les études réalisées jusqu'à présent.
J. R. Geddes et coll., « The Lancet » , 22 février 2003, pp. 653-661.
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