Les spécialistes de la dépression considèrent aujourd'hui que l'épisode dépressif isolé dans la vie d'un patient est plutôt rare : en effet, après un premier épisode, de 50 à 60 % de patients récidiveront dans les deux ans et, dès le troisième épisode, le risque de récidive atteint 90 %. De nombreuses études ont montré qu'au fur et à mesure des récidives, on constate un raccourcissement des périodes de rémission et des symptômes plus difficiles à maîtriser, avec des répercussions socio-professionnelles et familiales considérables. Le traitement d'attaque dans la phase aiguë de l'épisode dépressif majeur vise la rémission totale en quatre à six semaines ; puis le traitement devrait être poursuivi en consolidation pendant au moins six mois.
Rechute et récidives ne sont pas synonymes
A ce propos, il convient de préciser la séparation entre la rechute - dont le risque est souvent lié à la mauvaise qualité de la rémission (la réapparition des symptômes au cours des quatre à six mois qui suivent la rémission) - et la récidive (le nouvel épisode survenant plus de six mois après la rémission de l'épisode précédent). La notion de guérison est validée par l'état asymptomatique persistant deux à trois mois en l'absence de traitement. On le comprend : pour parler de la stratégie préventive, il est indispensable d'obtenir d'abord la rémission complète de l'épisode dépressif chez le patient.
Comme le rappelle le Pr P. Boyer, les études cliniques montrent que le traitement au long cours par un antidépresseur est toujours supérieur au placebo quelle que soit la durée de l'étude, en sachant que la sélection des patients dépressifs à risque est basée sur le nombre des récidives antérieures.
L'étude PREVERS était menée sur dix-huit mois avec, comme objectif, d'évaluer l'efficacité préventive et la tolérance d'un traitement par sertraline (Zoloft) comparé au placebo dans la prévention des récidives dépressives. Les caractéristiques méthodologiques de cette étude sont originales : les patients (trouble unipolaire) inclus ont présenté dans leurs antécédents des récidives suffisamment fréquentes (au moins trois dans les quatre dernières années) ; ils étaient guéris (au maximum
deux critères DSM IV, sauf humeur triste et diminution d'intérêt) de leur dernier épisode datant d'au moins six mois et traités par un antidépresseur autre que la sertraline ; et, enfin, le maintien de cette rémission obtenue était contrôlé par une période de deux mois sous placebo en simple aveugle. Le traitement prophylactique a commencé dans la deuxième phase de l'essai avec la randomisation des patients en trois bras : placebo, sertraline 50 mg et sertraline 100 mg. Le critère principal d'efficacité choisi était fondé sur le taux de récidive au cours de périodes de traitement de dix-huit mois. Les résultats montrent que les taux de récidives sont de 16,8 % sous sertraline 50 mg, 16,9 % sous sertraline 100 mg contre 33,3 % sous placebo.
Deux fois moins de récidives dépressives
Autrement dit, les patients recevant de la sertraline ont présenté deux fois moins de récidives dépressives qu'avec le placebo et il n'y pas de différence entre les dosages de sertraline. Pour les patients ayant récidivé, la période de rémission entre chaque épisode était plus longue dans le groupe de Zoloft 5O mg que dans le groupe placebo. En ce qui concerne la tolérance durant toute le durée de l'étude, il n'y avait pas de différence significative quant au nombre des patients ayant présenté un événement indésirable (symptômes généraux, troubles psychiatriques, système gastro-intestinal) entre la sertraline et le placebo. Reste la question de la durée du traitement à visée préventive (au-delà de dix-huit mois) chez les patients à haut risque de récidives dépressives, sur laquelle les avis ne sont pas pour le moment unanimes.
D'après les communications des Prs P. Boyer et J.-P. Lepine et du Dr V. Caillard, lors du symposium PREVERS organisé par les Laboratoires Pfizer.
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