Lancée il y a dix ans dans deux petites villes du nord de la France, l'étude Fleurbaix Laventie Ville santé (FLVS), dont la troisième phase vient d'être lancée, a fourni déjà de nombreuses informations sur les déterminants de la prise de poids et les moyens d'agir sur eux. A l'occasion du congrès international sur l'obésité qui se tient au Brésil, le conseil scientifique de FLVS a choisi cinq présentations portant aussi bien sur la génétique que sur l'influence des consommations alimentaires (voir encadré).
L'une de ces études porte sur l'association entre l'obésité, qui touche actuellement 10% de la population française, et les symptômes dépressifs*. Elle peut être résumée par la formule : « La déprime fait grossir les femmes mais pas les hommes. » Encore qu'il ne soit pas exclu que les troubles de l'humeur soient eux-mêmes la conséquence de l'obésité.
Les 235 hommes et 273 femmes participant à l'étude ont répondu à un questionnaire permettant de calculer un score de dépression allant de 0 (pas déprimé) à 60 (extrêmement déprimé), les personnes victimes d'une dépression vraie diagnostiquée par un médecin ayant un score supérieur à 17 pour les hommes et 23 pour les femmes.
Or, si 14 % des femmes de poids normal sont déprimées, c'est le cas de 25 % des femmes en surpoids ou obèses, alors que chez les hommes, les gros ne sont pas plus souvent déprimés que les autres (16 contre 19 %). Confirmation par le tour de taille : chez les femmes, le score de dépression augmente en fonction de l'IMC (indice de masse corporelle, calculé en divisant le poids par la taille au carré) et du tour de taille ; chez les hommes, la corrélation entre score de dépression et tour de taille est négative.
Les femmes obèses ont plus de raisons d'être déprimées, selon l'étude : elles ont un niveau d'étude plus faible et souffrent physiquement des conséquences de l'excès de poids. La dépression se retrouve en effet chez les femmes dont l'obésité est associée à d'autres maladies ou qui rencontrent le plus de difficultés du fait d'un niveau social plus faible.
Quant aux hommes déprimés, ils seraient protégés de la prise de poids par le tabac, puisqu'ils sont plus souvent fumeurs que les autres.
Lecture et marche
Une autre différence liée au sexe est mise en évidence par une étude sur l'activité physique chez 222 hommes et 269 femmes, âgés en moyenne de 43 ans. Chez les femmes, lecture et activité physique vont de pair (plus le temps consacré à la lecture pendant la semaine est important, plus elles marchent et ont une activité physique). Chez les hommes, à l'inverse, le temps consacré à la lecture est inversement associé à l'activité physique dans le cadre du travail. Les femmes qui lisent sont peut-être mieux informées et sensibilisées à l'intérêt d'un meilleur équilibre de vie, suggère l'étude, en rappelant que le Programme national nutrition et santé préconise une activité physique équivalent à 30 minutes de marche quotidienne.
* M. Curet-Pellicer (INSERM), M. A. Charles (INSERM), J.-M. Borys (association FLVS), A. Basdevant (Hôtel-Dieu Paris) et le groupe d'étude FLVS.
Gène, leptine et sucres
Les trois autres études issues de Fleurbaix Laventie Ville Santé présentées au congrès international sur l'obésité portent sur la génétique, les variations de la leptine et le lien entre consommation de sucres et de nutriments clefs :
- association entre le gène de l'insuline (polymorphisme VNTR5) et l'obésité et effet protecteur du gène de classe III, que l'on retrouve chez 6 % de la population ;
- intérêt de l'activité physique chez les filles, négativement corrélée au taux de leptine, hormone sécrétée par le tissu adipeux ;
- lien entre la forte consommation de glucides simples, la consommation de fibres et de minéraux et la minceur.
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