« VHC-VIH, même combat ! » C’est par cette formule que Denis Ouzan (Institut Arnault-Tzanck, Saint Laurent du Var), a résumé l’analogie existant entre les deux virus, vectrice de quelques enseignements pour l’avenir : « Alors que 90 % des personnes VIH sont contrôlées par une trithérapie, on peut espérer la guérison dans les mêmes proportions de celles atteintes par l’hépatite C chronique. »
Nombreuses passerelles entre les hépatites et le VIH
L’arrivée des Trod (Tests rapides d’orientation diagnostique) dans le VHC – dont l’utilisation a été évaluée comme pertinente par la HAS – permet aujourd’hui d’imaginer, à l’image du VIH, un plus large repérage des personnes infectées, première étape d’un contrôle de l’infection en population générale. Elle rend aussi plus concrète et plus facile l’idée d’un dépistage systématique et combiné des trois virus, VIH-VHB-VHC, qu’il soit utilisé dans un contexte médical ou communautaire, avec en regard une moindre réticence des patients.
Une passerelle entre VHC et VIH existe aussi sur le plan du traitement, a expliqué Gilles Pialoux (Tenon, AP-HP Paris) : à l’image du treatment as prevention (TasP) qui permet de réduire la charge virale et la contagiosité de l’infection VIH par les personnes séropositives, une approche identique pourrait être déployée dans le VHC.
En pratique pourtant, plusieurs points de vigilance apparaissent : le premier est celui de l’élargissement du dépistage. Comment concilier l’incitation au diagnostic préconisée dans le rapport Dhumeaux avec la restriction de l’accès au traitement imposée par les autorités ? Sur le plan médical la priorisation – et non la sélection, a insisté Daniel Dhumeaux (CHU Henri Mondor) – des patients aux stades les plus sévères de maladie hépatique permettra en un ou deux ans de résoudre les situations les plus graves et de proposer ensuite le traitement aux personnes moins avancées dans la maladie. Pas d’inquiétude médicale donc. La difficulté humaine et relationnelle qu’engendre cette situation délicate pour les soignants, n’en reste pas moins actuelle.
Modéliser les réussites
Après le diagnostic arrive le soin. On le sait, beaucoup des personnes malades sont dans une situation complexe et parfois précaire : usagers de drogues, migrants, personnes incarcérées… Sur le terrain, comme l’a illustré la série de Rencontres régionales Hépicure tenues à travers la France tout au long de l’année 2014, de nombreuses initiatives de terrain ont vu le jour à travers la France et permettent d’accompagner les malades dans le soin avec succès. Toutes se fondent sur une prise en compte de la personne dans sa globalité, dans un accompagnement personnalisé facilitant le parcours de soins et levant les freins non médicaux à la réussite du traitement (droits sociaux, hébergement, langue…). Et toutes se fondent sur un rapprochement des compétences médicales et sociales, sur une transversalité et une coopération pluridisciplinaire. « Toutes ces initiatives de terrain sont de haute qualité et ont démontré leur efficacité, mais si l’on veut qu’elles profitent à tous, il va falloir changer d’échelle », a suggéré Xavier Aknine, président de l’Angrehc (Association nationale des généralistes pour la recherche et l’étude sur les hépatites chroniques), militant pour une plus large implication des professionnels de soins primaires. En tant que président du comité de suivi et de prospective du plan national de lutte contre les hépatites, Daniel Dhumeaux a suggéré : « Il y aura les incitations faites par les pouvoirs publics, sur la base de nos recommandations. Mais elles ne doivent pas être les seules. Les initiatives de terrain qui se sont avérées très constructives qui émergent au niveau régional doivent être diffusées à l’ensemble des régions, en tenant compte des spécificités territoriales. Elles pourraient être modélisées pour améliorer le dépistage, la prévention, la prise en charge et le traitement de ces malades. »
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