S’adapter
Les caractéristiques qui distinguent un enfant précoce d’un enfant standard nécessitent d’être bien connues afin de pouvoir à tout âge proposer une explication rationnelle aux troubles d’adaptation rencontrés par les « enfants intellectuellement précoces » (EIP) dès le début de leur vie sociale. A tout âge, il faudra s’adapter à leurs particularités affectives et cognitives. Ces signes distinctifs peuvent être classés en quatre catégories.
Particularités du développement
Les particularités du développement vont être rapidement évidentes dans le milieu familial devant la précocité de certaines acquisitions : position debout à 6 mois, acquisition du langage oral souvent rapide accompagnée d’un questionnement incessant concernant des sujets existentiels. L’accès à la lecture est généralement accéléré, cette facilité contrastant avec les difficultés en écriture, ce qui va souvent dérouter les enseignants. Sur le plan social, il est spontanément attiré par des camarades plus âgés, voire des adultes. Enfin, un dernier trait notable est une extrême sensibilité, qui donne une fausse impression d’immaturité affective. Ainsi, les EIP apparaissent très tôt comme des enfants vifs, hypersensibles, opposants et... dérangeants ; ils ont pourtant besoin de règles éducatives strictes et bienveillantes, seules susceptibles de les rassurer. Les principaux signes d’appel de la précocité doivent être rapidement reconnus pour permettre une adaptation de l’entourage.
Troubles du comportement
Les troubles du comportement peuvent être les premiers symptômes visibles de la précocité. Ils méritent d’être rapidement identifiés comme l’expression d’une avance intellectuelle, ce qui évite de les relier à un trouble de la personnalité ou encore d’incriminer des fautes éducatives. Les troubles du sommeil sont quasi constants. On retrouve des insomnies (difficultés au coucher, éveils nocturnes), des cauchemars et un sommeil agité. La fréquence de ces troubles chez les EIP incite à rechercher d’autres signes de précocité chez tout enfant consultant pour un refus d’endormissement. L’opposition est également une plainte récurrente de la part des parents. Son rattachement au diagnostic de précocité va être rapidement apaisant en dédouanant les parents de toute faute éducative. Quelques conseils simples (fermeté bienveillante...) achèveront de ramener le calme. La rareté des manifestations d’opposition chez les petites filles, volontiers « hyper-conformes », est sans doute à l’origine de la sous-évaluation de la précocité féminine et du retard à la diagnostiquer. L’instabilité psychomotrice est de plus en plus fréquente en consultation. Un entretien simple, précisant la chronologie d’apparition de l’hyperactivité, est souvent suffisant pour évoquer la précocité. On la discutera devant un enfant calme à la maison et signalé comme instable à l’entrée en maternelle, avec une aggravation au cours préparatoire, surtout s’il existe parallèlement des troubles spécifiques d’apprentissage. L’aspect sélectif de l’hyperactivité est formellement objectivé par les échelles de Conners, dont les scores parentaux subnormaux contrastent avec ceux de l’école, franchement pathologiques. Des conseils d’approfondissement, d’enrichissement, voire d’accélération scolaire, sont suffisants pour limiter les débordements.
Troubles émotionnels
Les troubles émotionnels sont retrouvés chez la plupart des enfants précoces et peuvent être les premiers révélateurs d’une avance intellectuelle jusque-là méconnue. L’anxiété est constante chez les enfants surdoués. Ces craintes que l’enfant garde pour lui peuvent s’organiser en troubles obsessionnels compulsifs (TOC), justifiant d’interroger tous les enfants intelligents sur l’existence d’éventuels « soucis » ou de gestes incongrus qu’ils ne peuvent éviter. Les troubles de l’humeur sont fréquents chez les EIP, mais particulièrement mal repérés. Pourtant, l’enfant surdoué est surexposé au risque dépressif du fait de sa grande perméabilité aux émotions de l’entourage avant d’avoir élaboré les moyens de défense. L’identification précoce de la dépression infantile permet de mettre en place des stratégies psychologiques adaptées, voire un traitement médicamenteux transitoire.
Spécificités de traitement de l’information
Le quatrième domaine qui permet de distinguer l’enfant précoce concerne ses spécificités de traitement de l’information. Les enseignants connaissent bien ces profils cognitifs rapidement défavorables sur le plan scolaire, malgré des compétences satisfaisantes. Les conséquences sur le carnet de notes peuvent être le premier clignotant d‘une précocité jusque-là méconnue. Les enseignants font état du « manque de méthode », de la « difficulté face à l’effort », et décrivent l’« effet Everest », défini comme une préférence pour ce qui est compliqué et un manque d’attention dans les matières moins intéressantes.
C’est avant tout la méconnaissance de la précocité qui représente un risque pour l’enfant. A l’inverse, son identification et surtout sa reconnaissance sont rapidement bénéfiques et permettent à l’EIP d’exploiter au mieux ses compétences.
D’après la communication de O. Revol (hôpital neurologique, Lyon) lors de la 9e Session des Entretiens de pédiatrie et de puériculture.
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