Il y a quelques semaines, le Conseil national du Sida avait reproché à la ministre de la Santé de ne pas avoir retenu ses préconisations rejointes par la HAS de généraliser le dépistage du VIH. Le congrès VIH/SIDA toute cette semaine à Vienne lui a-t-il déjà fait changer d’avis ? Dès lundi, dans la capitale autrichienne, Roselyne Bachelot a annoncé une campagne pour « banaliser » le dépistage du VIH via les médecins traitants et les associations.
La stratégie « test an treat », c’est-à-dire dépister tous ceux qui le veulent et traiter ceux qui se découvrent séropositifs, est apparue très prometteuse lors de ce congrès mondial. Le message unique d’utilisation des préservatifs n’est plus aujourd’hui suffisant pour contenir la pandémie, sont convenus les participants. Pour preuve, les réactions ont été très enthousiastes en début de semaine après l’annonce des résultats d’une étude montrant qu’un gel vaginal microbicide contenant un antirétroviral pouvant entraîner une forte réduction du risque d’infection au VIH chez les femmes. Chez les hommes, les preuves s’accumulent également en faveur d’un effet protecteur de la circoncision.
Traiter avant d’être malade
Il reste que « le traitement antirétroviral est potentiellement plus efficace que n’importe quoi » selon le Pr Bernard Hirschel, professeur de médecine à l’hôpital universitaire de Genève. Tous les experts semblent aujourd’hui s’accorder à penser qu’il faut prendre des traitements plus tôt, avant d’être vraiment malade et un compte de CD4 qui ne soit pas encore descendu très bas. « C’est vraiment compliqué et coûteux de traiter des gens qui arrivent très malades » a relevé Bernard Schartzlander de l’ONUSIDA. En outre, il est aujourd’hui clairement établi que le risque de contamination, sans être totalement éliminé, diminue en flèche chez les patients traités. « Il y a 33 millions de personnes infectées dans le monde, mais au moins les deux tiers n’ont jamais été dépistées et ne connaissent pas leur séropositivité » a rappelé Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence française de recherche sur le sida.
Cette stratégie du « test ant treat » qui vise avant tout à « réduire la quantité de virus circulant » conduit aussi à une augmentation drastique des coûts puisque le traitement est alors proposé à cinq ou six fois plus de patients. Mais le coût peut être contrebalancé par une économie à long terme, en raison des infections évitées. « C’est une stratégie de plus en plus validée par les études économiques » assure le Pr Jean-Paul Moatti de l’Inserm. En France, le plan VIH/SIDA 2010-2014 serait présenté à l’automne par le ministère de la Santé. On saura alors si Roselyne Bachelot se sera laissée convaincre par les arguments échangés à Vienne.
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