Conduite automobile
Le dépistage précoce d'une gêne auditive s'inscrit dans les mesures destinées à améliorer l'aptitude à la conduite automobile du sujet âgé.
Le projet de loi sur les aptitudes médicales à la conduite s'appuie sur le rapport Domont*, issu des travaux d'un groupe de médecins experts dont l'intérêt est de proposer une évaluation médicale préventive de l'aptitude à la conduite.
Dans un premier temps, seuls les candidats au permis de conduire et les conducteurs âgés de plus de 75 ans seront concernés, mais, à terme, ce contrôle devrait être étendu à tous les détenteurs d'un permis de conduire, qui devront subir un examen médical tous les dix ans.
La rumeur publique a tendance à incriminer les jeunes dans la survenue des accidents. « En fait, les conducteurs de plus de 65 ans provoquent autant d'accidents que les moins de 25 ans », précise le Dr J.-M. Basset.
Or il y a aujourd'hui 17 millions de conducteurs de plus de 50 ans en France, il y en aura plus de 25 millions en 2020. Cent dix millions de seniors sillonnent déjà l'Europe en voiture et cet effectif devrait s'accroître dans les années à venir.
Les caractéristiques du projet de loi. En France, les autorités insistent sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une loi « anti-personnes âgées ». Le principe est de faire réfléchir le conducteur sur les risques encourus à la fois pour lui et pour les autres et de prévenir les difficultés éventuelles à la conduite.
De nombreuses maladies peuvent être liées au vieillissement et dans certains cas être des contre-indications à la conduite automobile.
Le médecin traitant, en première ligne pour évaluer les limitations physiques du patient, est habilité à établir un certificat d'aptitude ou de contre-indication à la conduite mais, s'il estime qu'une visite complémentaire est nécessaire, il devra diriger son patient vers un spécialiste agréé.
Le dépistage de la surdité.
En voiture, l'audition a non seulement un rôle important dans la communication verbale, mais a aussi un rôle d'alerte participant à la localisation dans l'espace et surtout aux capacités de vigilance et d'attention.
Le dépistage de la surdité doit être le plus précoce possible et dans ce dépistage, le rôle du médecin généraliste est primordial.
Parfois, la gêne auditive est signalée par le patient lui-même ; le médecin généraliste l'adresse d'emblée à un ORL qui évaluera l'intensité de la perte auditive.
Mais, souvent, le sujet ne signale pas son déficit, le dialogue en milieu calme au cabinet ne permet pas de discerner spontanément une discrète perte d'audition. Un sujet qui commence à être malentendant a des systèmes de compensation (vivacité intellectuelle, aide visuelle par une lecture labiale) qui lui permettent de « faire illusion ».
Le dépistage d'une surdité s'appuie sur l'interrogatoire et l'examen clinique.
L'interrogatoire doit faire préciser au patient s'il est gêné dans les conversations à plusieurs, lorsqu'il n'est pas en face de son interlocuteur, s'il est obligé d'augmenter le son de la télévision, s'il cesse d'aller au concert, au théâtre...
Une otoscopie, une acoumétrie totale au diapason, la mesure de la perception de la voix chuchotée à quelques mètres sont des méthodes efficaces d'orientation, précise le Dr J.-M.Basset.
La presbyacousie, effet délétère du vieillissement, est la cause la plus fréquente de gêne auditive. Le sujet entend les bruits mais ne comprend pas toujours la parole, il s'isole, réduit son périmètre social ; mais, surtout, la presbyacousie entraîne une baisse de la vigilance à tous les stimuli extérieurs, ce qui a une implication directe dans la conduite automobile.
L'ORL est indispensable pour confirmer le diagnostic, évaluer la perte auditive du sujet et orienter vers un audioprothésiste : un appareillage précoce éventuellement bilatéral et stéréophonique permet non seulement de corriger le déficit auditif, mais aussi de maintenir les capacités d'attention, de mémorisation et de vigilance.
D'après la communication du Dr J.-M. Basset (ORL) et de S. Deys (audioprothésiste).
* Le Pr Alain Domont est spécialiste en médecine du travail et en médecine du trafic, en charge d'une consultation de pathologie professionnelle à l'hôpital Corentin-Celton, Paris.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature