LA RÉALISATION systématique d'un test de dosage du cholestérol chez les enfants de 15 mois pourrait permettre de dépister les formes familiales d'hypercholestérolémie et ainsi de traiter plusieurs générations conjointement pour limiter les risques cardio-vasculaires.
L'hypercholestérolémie familiale autosomique dominante concerne environ 0,2 % des familles dans le monde. Cette affection se traduit par une majoration de près de 100 fois du risque cardio-vasculaire dès la tranche d'âge 20-39 ans. Le traitement par statines permet de limiter les conséquences sur les vaisseaux de la majoration du taux de lipides circulants. Actuellement, lorsqu'un patient est traité, un test de dépistage est proposé aux membres de sa famille au premier degré. Mais il ne permet pas d'envisager une prévention à long terme chez les plus jeunes, seule option thérapeutique qui pourrait réellement faire baisser le risque de décès prématuré.
Des personnes de différentes tranches d'âge.
Pour pouvoir mettre en place une stratégie de prévention sur plusieurs générations simultanément, l'équipe du Dr Wald (Royaume-Uni) a analysé 13 études sur les formes familiales d'hypercholestérolémie incluant un total de 1 907 cas (1 134 chez qui le diagnostic avait été confirmé par l'analyse de l'ADN et 773 diagnostiqués cliniquement) et 16 221 sujets contrôles. Dix cas familiaux étaient détaillés (membres de la famille affectés ou non). Par ailleurs, ces données incluaient des mesures du cholestérol chez des personnes de différentes tranches d'âge : 1-9 ans, 10-19 ans, 20-39 ans, 40-59 ans et plus de 60 ans.
«C'est chez les 1-9ans qui le taux de faux positifs est le moins important alors que cette valeur peut atteindre 5% chez les plus de 20ans. Un dépistage pourrait être organisé à partir de la réalisation d'un test sur une goutte de sang prélevée à l'âge de 15mois, au moment d'une consultation obligatoire à l'occasion d'une vaccination», analyse le Dr Wald. Si le taux de faux positifs choisi est de 0,1 %, la sensibilité du test sera de 88 %. Pour un taux de faux positifs de 1 %, la sensibilité du test s'établira à 96 %.
Les auteurs détaillent un modèle mathématique dans lequel la sensibilité choisie est de 88 %. Pour 10 000 enfants dépistés, 20 seront porteurs de formes familiales d'hypercholestérolémie. La valeur prédictive du test sera donc de 64 % et donc, globalement, 18 des 28 enfants réellement atteints pourront bénéficier d'un traitement. On peut donc alors imaginer qu'à la suite de ce dépistage un dosage du cholestérol total soit effectué chez les deux parents. Puisque cette affection se transmet sur le mode autosomique dominant, l'un des deux géniteurs est forcément atteint.
Traiter par statines de façon systématique.
Les auteurs proposent de traiter par statines de façon systématique celui des parents qui présente le taux le plus élevé de cholestérol. Mais cette méthode de détection n'est dotée que d'une valeur prédictive positive limitée : 61 %.
La réalisation du test de dépistage à l'âge de 15 mois pourrait aussi être couplée avec la pratique d'un test ADN à la recherche d'une mutation sur le récepteur au LDL. Dans ce cas, le taux de faux positifs chez les enfants atteints d'hypercholestérolémie pourrait être ramené à zéro et appliqué aux parents, cela permettrait de détecter 100 % des porteurs de la mutation.
Les auteurs expliquent que cette méthode pourrait être appliquée à large échelle, mais que l'on n'en connaît pas précisément les implications financières et la faisabilité sur une population tout-venant.
« Brtish Medical Journal », édition avancée en ligne.
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