EXPÉRIMENTÉ depuis 2003 dans une vingtaine de départements pilotes chez les personnes âgées de 50 à 74 ans, le dépistage organisé du cancer colo-rectal est entré en 2008 en phase de généralisation à l'ensemble du territoire. Au regard de l'importance de l'enjeu de santé publique, l'INCa lance la première campagne nationale d'incitation au dépistage, du 13 septembre au 14 octobre, via télévisions et radios. Portant la signature «Le plus souvent, dépisté à temps, un cancer colo-rectal n'est pas méchant», elle valorise le bénéfice du dépistage et en fait connaître les modalités pratiques, dédramatisant et normalisant un sujet anxiogène qui reste difficile à évoquer. L'opération s'inscrit dans le prolongement d'un programme de communication lancé lors de la 2e Semaine contre le cancer colo-rectal, du 24 au 30 mars 2008, qui a donné lieu à l'envoi d'un document d'information aux médecins.
TF1, France 2 et France 3, Canal +, M6 et quelques chaînes de la TNT diffuseront ainsi, du 14 septembre au 8 octobre, « Le Voyage intérieur », film réalisé sur le mode onirique en images 3D. Il convie le téléspectateur à se déplacer dans un corps jusqu'à ce qu'il rencontre un polype inoffensif, alors que «le cancer colo-rectal est la deuxième cause de décès par tumeurs malignes dans le pays», comme le dit une voix venue d'ailleurs.
À la radio (France Info, France Inter, France Bleu, Chérie FM, Europe 1, Nostalgie, RMC, RTL, Sud Radio), du 13 septembre au 14 octobre, deux spots inciteront les auditeurs de 50 ans et plus, sur un ton humoristique et à l'aide d'un « GPS », à faire chez eux un test.
Compte tenu du rôle déterminant des généralistes dans le dispositif, les messages TV et radio renvoient systématiquement au dialogue avec eux. Cinquante-huit mille omnipraticiens et 4 000 gastro-entérologues sont avertis de la campagne grand public, avant son lancement, par un courrier du président de l'INCa, le Pr Dominique Maraninchi.
L'implication essentielle du médecin traitant.
Actuellement, une personne sur cinq seulement identifie spontanément le cancer colo-rectal comme une tumeur maligne qui, «quand elle est dépistée suffisamment tôt, peut être prise en charge et guérie». En revanche, près de neuf Français sur dix citent à ce titre le cancer du sein. Or, avec une participation de 50 % au dépistage, on peut atteindre une réduction de 15 à 20 % de la mortalité. Destiné aux 16 millions de personnes de 50 à 74 ans, il repose sur la réalisation bisannuelle d'un test, suivi d'une coloscopie s'il se révèle positif (de 2 à 3 % des cas). À ce stade, l'implication du médecin traitant constitue un facteur essentiel. On a pu mesurer au cours des expériences pilotes que le taux d'adhésion triplait quand le praticien remettait le test à son patient. Le test au gaïac consiste à prélever, sur trois selles consécutives, un petit fragment de la taille d'une lentille à déposer sur une plaquette, qui sera envoyée à un centre de lecture chargé de transmettre les résultats. Dans 97 % des cas, les patients sont invités à renouveler le dépistage deux ans plus tard, et sensibilisés aux signes d'alerte qui devraient les conduire à consulter sans attendre ce délai. Pour les autres, une coloscopie permettra de rechercher la présence de lésions dans le côlon ou le rectum. Des essais de tests fondés sur une réaction immunologique, montrant une meilleure sensibilité, sont en cours. Avec 37 400 nouveaux cas estimés en 2005, le cancer colo-rectal est la troisième tumeur maligne la plus fréquente après le sein et la prostate. Il se développe essentiellement après 50 ans (94 %). Il cause la mort, chaque année, de 17 000 personnes, dont 53 % d'hommes. La survie relative moyenne à cinq ans s'élève à 57 %.
* www.e-cancer.fr; Cancer Info Service, tél. 0.810.810.821.
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