L'institut Jacques-Cartier de Massy (Essonne) avait reçu lundi plus de 1 500 appels après avoir adressé une lettre à 926 patients qui ont été en contact avec un soignant séropositif du service de chirurgie cardiaque. La lettre leur demandait de se soumettre à un test VIH. La différence entre le nombre des destinataires et celui des personnes qui ont téléphoné vient des patients opérés en orthopédie ou dans d'autres services et qui ont entendu parler de l'affaire à la radio, mais ne sont pas concernées.
La séropositivité du soignant a été découverte après un dépistage généralisé des personnels qui ont été en contact avec un patient opéré en chirurgie cardiaque en octobre 2001, décédé en juillet de la même année, à 74 ans, des suites de complication cardiaque, précise l'hôpital dans un communiqué.
Selon les procédures classiques, une sérologie avait été effectuée sur ce patient trois jours avant et trois mois après l'opération. La première était négative, la seconde positive concernant le VIH.
« L'enquête effectuée en collaboration avec les autorités sanitaires a écarté définitivement une éventuelle contamination transfusionnelle », et l'hypothèse d'une transmission soignant-soigné a alors été envisagée, explique l'Institut. La direction générale de la Santé a demandé à toutes les personnes de l'équipe qui a participé à l'intervention de se soumettre individuellement à une sérologie VIH de contrôle. Un des résultats s'est révélé positif.
« Aucun accident d'exposition au sang n'a été signalé pendant l'intervention concernée. En l'état actuel de l'enquête, le lien entre ces deux cas n'est pas formellement établi », ajoute l'institut. Néanmoins, « en application du principe de précaution, de responsabilité et de transparence, et à la demande de la personne concernée, celle-ci a immédiatement cessé ses activités au sein du bloc opératoire pour une mission interne sans contact avec les patients ».
Après avis des experts et sur recommandation de la direction générale de la Santé, l'institut Jacques-Cartier a envoyé un courrier personnalisé à 926 patients ayant été en contact avec le soignant concerné au cours d'une intervention chirurgicale entre le 1er août 1998 et le 13 septembre 2002. L'institut a recommandé à ces patients d'effectuer un test VIH qui sera pris en charge par l'établissement. Un Numéro Vert a été mis en place pour les patients concernés : 0800.345.345.
Les recommandations de l'Ordre
Pour de nombreux médecins, comme pour l'Ordre, il importe que les soignants, et en particulier les chirurgiens, connaissent leur statut sérologique. Le dépistage du VIH n'est pas obligatoire, rappelle à l'AFP le Pr Jean Langlois, président du Conseil national de l'Ordre, mais « les individus doivent connaître leur statut sérologique pour ne pas exposer leurs patients et le vérifier périodiquement ». L'Ordre déconseille en outre « aux chirurgiens (et à certains praticiens) de poursuivre leur activité interventionnelle s'ils sont porteurs du virus ».
Deux cas de transmission du VIH de médecin à patient sont connus. Le premier concerne un chirurgien orthopédiste de l'hôpital de Saint-Germain-en-Laye contaminé à la suite d'un accident professionnel et qui a ignoré pendant plusieurs années sa séropositivité ; en février 2000, il a été condamné à indemniser une patiente qui avait contracté le virus lors d'une opération de la hanche. Le deuxième est un soignant de la clinique de Noisy-le-Sec qui a dû rappeler près de 10 000 patients en 1999.
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