T OUT semble désormais en place pour le lancement de la campagne de dépistage systématique du cancer du sein. Elle est déjà en place dans 32 départements pour les femmes âgées de 50 à 69 ans et doit être généralisée à l'ensemble du pays, comme l'a rappelé le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, lors de son discours-programme devant la Conférence nationale de santé.
Auparavant, un certain nombre de règles devaient être définies. Un cahier des charges garantissant la qualité de l'examen de dépistage mammographique a été élaboré par la direction générale de la Santé sur la base des recommandations d'un groupe d'experts. Il reprendrait, selon le président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR), le Dr Denis Aucant, les règles de bonnes pratiques définies par l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES) qui recommandent un double cliché par sein, un suivi tous les deux ans et une extension du dépistage jusqu'à 74 ans.
Par ailleurs, la Caisse nationale d'assurance-maladie vient de mandater son président, Jean-Marie Spaeth, pour signer l'accord sur le volet financier de cette campagne de dépistage. Mise en place dans le cadre de l'accord que les radiologues avaient signé avec Martine Aubry en 1997 (1), une instance de concertation réunissant la CNAM, la direction générale de la Santé, la direction de la Sécurité sociale et la FNMR a élaboré un projet d'accord qui prévoit la création d'une lettre clé dénommée ZM et coté l'équivalent d'une mammographie classique Z41, soit 435 F.
Un accord satisfaisant pour la FNMR
Les radiologues, de leur côté, s'engagent à respecter certaines règles de qualité en matière d'installation, d'appareillage, à pratiquer au moins 500 mammographies par an et à suivre, ainsi que leurs manipulateurs, une formation spécifique au dépistage. Si au bout d'un an ces règles ne sont pas respectées, l'examen est décoté et, au bout de trois ans, il n'est tout simplement plus remboursé.
Cet accord satisfait pleinement la Fédération nationale des médecins radiologues qui représente une grande partie des radiologues libéraux. En effet, les examens de dépistage pratiqués jusque-là dans les 32 départements, où la campagne de dépistage existe déjà, sont rémunérés de 250 à 280 F. Et il n'existe pas réellement de contrôle de la qualité des examens pratiqués. « Grâce à cet accord, chaque femme pourra désormais bénéficier d'un examen sénologique complet, comportant la mammographie et l'examen clinique, effectués par un médecin radiologue au moment de la mammographie de dépistage et, si nécessaire, des examens complémentaires avec un rappel tous les deux ans pour un suivi efficace », explique le Dr Aucant.
Le président de la FNMR souhaite donc que les différents partenaires, et notamment le gouvernement, ratifient très rapidement l'accord et mettent en uvre, « dans les plus brefs délais », le dépistage sur l'ensemble du territoire. Cette extension, promise depuis plusieurs années déjà, permettra, selon lui, « de garantir à toutes les femmes une égalité des chances dans la prévention de la maladie et de toucher des femmes des milieux les plus défavorisés qui sont moins bien informées. Je rappelle que le cancer du sein est la première cause de mortalité chez les femmes et qu'une sur dix environ sera touchée cette année », insiste-t-il.
Échaudés par les annonces ministérielles successives, - Bernard Kouchner promettait déjà la généralisation de ce dépistage lors de son précédent passage au ministère de la Santé en 1997 -, le président de la FNMR redoute que la mesure ne se heurte à des considération financières, dans la mesure où le dépistage est pris en charge à 100 % par l'assurance-maladie. « Le coût d'une telle généralisation est très difficile à estimer. Mais quand on annonce un plan cancer volontariste, il faut s'en donner les moyens », poursuit le Dr Aucant qui souligne que des campagnes de dépistage systématique sont également prévues pour le cancer du col de l'utérus et le cancer du côlon.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature