« Cancer du sein : surdiagnostic, surtraitement, à la recherche de nouveaux équilibres », tel est le thème choisi par la SFSPM. L’objectif étant de rechercher un nouvel équilibre entre « la crainte de ne pas faire assez » et le risque « d’en faire trop », dans un contexte polémique depuis la publication en octobre d’un livre très critique, « No Mammo ? » (éditions Max Milo), de la kinésithérapeute Rachel Campergue, préfacé par le Dr Bernard Junod de l’École nationale de santé publique. Le surdiagnostic concernerait en France entre 5 et 10 % des cancers dépistés. Mais, précise le Dr Brigitte Séradour, coordinatrice du Suivi national du dépistage de 2007 à 2010, « aucune évaluation nationale précise du surdiagnostic n’a encore été publiée ».
La mammographie, pratiquée tous les deux ans aux femmes de 50 à 74 ans, peut conduire à des examens inutilement pénibles et angoissants pour les femmes chez qui l’anomalie retrouvée est finalement bénigne (faux positifs). De même, il peut conduire à un surtraitement pour des cancers qui ne se seraient jamais manifestés cliniquement. « Le surdiagnostic est un inconvénient du dépistage », a estimé Jacques Fracheboud (Erasmus University Medical Center, Rotterdam), mais, a-t-il ajouté, il est « inévitable ». Face à des « petits » cancers du sein, il est aujourd’hui impossible de prévoir précisément ceux qui ne vont pas évoluer. Avec les progrès de la technologie, ce type de petites lésions est de plus en plus fréquemment détecté, ce qui risque d’augmenter le surdiagnostic.
Données rassurantes.
Toutefois, certaines données sur le dépistage sont plutôt « rassurantes », comme la stabilité des taux de détection de cancers du sein dans le cadre du dépistage organisé. Une étude présentée par Agnès Rogel (Institut de veille sanitaire) montre qu’entre 2004, année de la généralisation du dépistage, et 2008, le taux de détection des cancers du sein est stable, voire en légère baisse. Ces données issues de la base nationale du dépistage organisé « concordent avec les données observées par l’assurance-maladie », souligne Agnès Rogel. En 2008, 14 000 cancers du sein ont ainsi été détectés, soit 6,3 cancers pour 1 000 femmes dépistées (6,7 pour 1 000 en 2005). Le pourcentage de cancers in situ détectés au cours de la même période est lui aussi « stable », autour de 15 %. En revanche, le taux de faux positifs est en baisse : il est passé de 10 % en 2004 à 7 % en 2008, une diminution particulièrement significative chez les femmes chez qui une biopsie chirurgicale a été réalisée. « Le risque d’effectuer un examen chirurgical traumatisant chez des femmes dont le diagnostic est bénin semble donc en baisse », a commenté l’épidémiologiste. Le recours aux biopsies chirurgicales est d’ailleurs en forte diminution, au profit des microbiopsies et des macrobiopsies.
Quant au taux de mastectomie, s’il a tendance à augmenter depuis 2005 (29,1 % des séjours chirurgicaux pour cancer du sein en 2009 contre 27,7 % en 2005 tous âges confondus), la hausse est surtout marquée chez les femmes de moins de 40 ans (36,3 % contre 30,1 %).
« Nous ne sommes pas dans une épidémie de cancers du sein », a commenté le Dr Séradour.
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