Le consensus sur la valeur du dépistage par mammographie a récemment été remis en cause par des chercheurs danois qui soutenaient dans le « Lancet » que de nombreuses études étaient scientifiquement biaisées et concluaient que la mammographie n'offrait en fait pas de bénéfice global (« le Quotidien » du 22 octobre 2001). Coup sur coup, deux nouvelles évaluations viennent confirmer au contraire l'intérêt de ce dépistage.
La semaine dernière, une métaanalyse publiée dans le « Lancet » montrait un effet sur la mortalité par cancer du sein, qui se maintient au moins dix ans (« le Quotidien » du 18 mars). Cette semaine, c'est le groupe de travail réuni par le CIRC, agence spécialisée pour le cancer de l'OMS, qui fait une évaluation positive du dépistage systématique par mammographie, lequel, rappelons-le, doit être étendu en France à toutes les femmes de 50 à 74 ans.
Les 24 experts de 11 pays réunis par le CIRC, après examen des données disponibles, ont conclu que les essais d'évaluation offraient des indications suffisantes de l'efficacité du dépistage mammographique des femmes âgées de 50 à 69 ans, avec une réduction de la mortalité par cancer du sein estimée à environ 35 %. Pour les femmes de 40 à 49 ans, le groupe ne disposait que d'indications limitées d'une réduction de la mortalité.
Le groupe de travail a soigneusement étudié les conditions des essais qui ont permis cette évaluation positive et rejeté comme invalides un grand nombre de critiques émises par les chercheurs danois, les autres défauts attachés à ces études n'invalidant pas leurs résultats.
Un million de cas dans le monde
Le groupe de travail a également conclu qu'il ne disposait que d'indications insuffisantes d'un effet sur la mortalité par cancer du sein de l'examen clinique ou de l'autoexamen des seins.
L'étude note aussi que l'efficacité des programmes nationaux de dépistage varie en fonction des différences de couverture de la population féminine, de la qualité de la mammographie, du traitement, entre autres facteurs. Elle confirme que les programmes de dépistage organisés sont plus efficaces pour réduire le taux de mortalité lié au cancer du sein que le dépistage sporadique de certains groupes de femmes.
Chaque année, le cancer du sein touche un million de femmes dans le monde et est responsable de plus de 10 000 décès en France.
Numérique ou analogique ?
Dans l'état actuel des connaissances scientifiques, les mammographes numériques n'ont pas montré « de réelles supériorités » par rapport aux mammographes analogiques , pour le diagnostic du cancer du sein, estime la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR). Mais compte tenu des évolutions technologiques, cette technique devrait être évaluée non seulement chez des femmes adressées pour diagnostic, mais sur des populations de dépistage. Aux Etats-Unis et au Canada, une telle étude comparative est en cours et devrait porter sur 50 000 femmes. En France, la FNMR et la CNAM ont déposé un dossier de demande d'étude auprès du FAQSV (Fonds d'aide à la qualité des soins de ville) : comparaison des performances diagnostiques, évaluation de la technologie numérique en dépistage, évaluation de la deuxième lecture assistée par un logiciel d'aide au diagnostic.
Si les études se révèlent positives, cette nouvelle génération d'appareils, dont cinquante centres seulement sont équipés à ce jour en France, pourrait être intégrée dans le plan national de dépistage, avec une cohabitation entre les deux systèmes.
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