Les protéines MCM (minichromosome maintenance proteins) font partie d'un complexe dit de préréplication, nécessaire à la réplication de l'ADN dans les cellules en division. En principe, les protéines MCM sont présentes dans le noyau des cellules se divisant, mais sont rapidement éliminées des cellules quiescentes. Leur expression a par ailleurs été mise en évidence dans nombre de cancers (poumon, foie, rein, prostate...) et semble donc pouvoir constituer un marqueur. On note que les protéines MCM ont aussi été retrouvées dans des cellules dysplasiques et qu'elles pourraient donc également constituer un marqueur très précoce de la transformation.
En attendant des développements, peut-être, du côté d'un diagnostic prétumoral, les Britanniques se sont intéreressés à l'une des protéines MCM, la protéine MCM-2 dans le cancer du colon.
Dans la muqueuse intestinale normale, la protéine n'est exprimée que dans les cellules tapissant le fond des cryptes ; cellules qui, effectivement, se renouvellent. En cas d'adénome ou d'adénocarcinome colique, en revanche, la protéine est exprimée sur toute la profondeur de l'épithélium, y compris dans les colonocytes de surface. Reste donc à détecter le marqueur dans les cellules présentes sur les selles.
Trois techniques
Pour isoler ces cellules, trois techniques ont été utilisées : le prélèvement direct à la surface des selles ; la mise en suspension de celles-ci, suivie de centrifugation ; enfin, l'isolement par microbilles magnétiques recouvertes d'anticorps spécifiques d'un antigène épithélial. Dans tous les cas, la détection de MCM-2 était assurée par un anticorps monoclonal murin.
Dans un premier temps, la technique a été étalonnée avec des cellules de cancer colorectal appliquées sur un échantillon de selle. Il a ainsi été montré qu'un nombre suffisant de cellules pouvait être détecté jusqu'à 8 heures après application.
Dans un second temps, la technique a été évaluée chez 40 patients atteints de cancer colorectal, 20 volontaires sains et 5 patients atteints de diverticulose. Chez les 25 sujets contrôle, les colonocytes ont pu être mis en évidence sur les échantillons de selles. Mais tous les isolements étaient MCM-2 négatifs. Quant aux cancers, 37 cas ont été confirmés, y compris 9 tumeurs de stade A de Duke. On note que les 3 faux-négatifs concernaient des tumeurs situées en amont de l'angle colique gauche.
Les auteurs soulignent que les cellules positives, qui, pour beaucoup, présentaient les caractéristiques cytologiques de cellules malignes, auraient été difficiles à mettre en évidence par marquage cytologique classique. Ils indiquent également que l'isolement par microbilles est moins sensible que la combinaison du frottis direct et du frottis après suspension/centrifugation.
L'étude ne prétend évidemment pas être représentative des conditions d'un dépistage dans la population. Dans ce contexte, le délai de 8 heures constituerait d'ailleurs une difficulté certaine, quoique surmontable. Les résultats indiquent toutefois que la détection immunohistochimique de MCM-2 pourrait être utile au dépistage du cancer colorectal, éventuellement en association avec d'autres techniques.
R.J. Davies et coll. « Lancet », vol. 359, 1er juin 2002.
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