MALADIE BÉNIGNE, symptomatique et parlante (contrairement au cancer qui se développe silencieusement), l'HBP ne nécessite pas un dépistage systématique car une grande partie des patients qui ont des symptômes urinaires vont consulter leur médecin. En revanche, un certain nombre de patients ont tendance à ne pas parler de leur symptomatologie, soit par pudeur, soit parce qu'ils banalisent leurs symptômes urinaires et/ou considèrent que ces symptômes urinaires sont une fatalité liée à l'âge, alors même que leur qualité de vie peut être altérée. C'est pourquoi, lors de la consultation d'un homme de 50-60 ans, son médecin devra lors de l'interrogatoire rechercher une modification dans la manière d'uriner (levers fréquents la nuit, diminution d'intensité du jet urinaire, obligation de pousser pour uriner, mictions fréquentes et impérieuses dans la journée) et, si ces symptômes existent, expliquer au patient que ces différents symptômes ne sont pas liés à l'âge mais à une maladie appelée hypertrophie bénigne de la prostate.
Ferme, mais pas pierreuse.
Lors de cet interrogatoire, le médecin pourra s'aider du score IPSS (International Prostate Symptom Score) , score subjectif, mais qui peut néanmoins aider le praticien et permettre un suivi de l'évolutivité.
Le toucher rectal permettra d'apprécier une prostate augmentée de volume, qui bombe dans le rectum et a perdu son sillon médian ; sa consistance est assez ferme (type balle de tennis ou col de l'utérus), mais pas dure ou pierreuse, ni irrégulière (contrairement au cancer de la prostate). Cette prostate hypertrophiée est palpée de manière assez large sur la face antérieure du rectum. Outre la qualité de vie qu'elle détériore, l'hypertrophie bénigne de la prostate peut être à l'origine d'une rétention aiguë d'urines, d'une hématurie, d'infections urinaires, de calculs vésicaux, voire d'incontinence par regorgement avec risque d'insuffisance rénale (actuellement rarissime). L'échographie pelvienne ou transrectale n'apparaît pas justifiée dans un premier temps. Quant au dosage du PSA, qui s'adresse aux patients de la même tranche d'âge, il a pour but de déceler un cancer de la prostate. Néanmoins, une fois éliminée la possibilité de cancer prostatique, il existe un certain parallélisme entre le volume prostatique et la valeur du PSA, et certaines données de la littérature montrent que le PSA peut avoir une valeur prédictive du risque d'évolutivité de la maladie, en particulier la détérioration des symptômes, et surtout une valeur prédictive du risque de rétention aiguë d'urines.
L'avis de l'urologue.
Le médecin généraliste devra demander un avis spécialisé auprès d'un urologue, lorsqu'il existe une aggravation de la symptomatologie ou une complication (hématuries à répétition, infection urinaire à répétition), et si une indication chirurgicale apparaît indiquée. L'urologue demandera alors une échographie sus-pubienne ou transrectale, une débitmétrie qui permettra d'évaluer le degré d'obstruction (corrélé à 80 % des cas) et apprécier si le traitement médical (extraits de plante, alphabloquants, inhibiteurs de la 5 alpha-réductase) n'apparaît plus suffisant et qu'un geste chirurgical apparaît nécessaire.
Propos recueillis auprès du Dr Richard-Olivier Fourcade (hôpital d'Auxerre).
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