En 1984, un lien a été démontré entre anomalies chromosomiques foetales et taux sanguin d'alphafoetoprotéine maternel. A la suite de cette observation, l'établissement d'un profil de risque basé sur la prise en compte de l'âge de la mère et des résultats des tests sanguins a été proposé. Depuis cette date, d'autres variables spécifiques de la trisomie 21 et d'autres aneuploïdies ont été décrites : certaines sont dépistées dans le sang (estradiol non conjugué, hCG, inhibitine-A), d'autres consistent en des mesures d'imagerie - épaisseur de la nuque, présence des os du nez. L'un des buts des généticiens est de disposer d'un moyen diagnostic doté d'une grande sensibilité et permettant le taux de faux positifs le plus faible possible. Actuellement, en effet, dans la plupart des pays une amniocentèse est pratiquée chez les femmes de plus de 35 ou 38 ans et chez les plus jeunes lorsqu'il existe un doute en raison de signes morphologiques ou de données sanguines. En 1999, on a établi une estimation de la sensibilité et du taux de faux positifs de différentes méthodes diagnostiques combinées : si seul l'âge maternel (supérieur à 35 ans) est pris en compte, ces chiffres sont respectivement de 49 % et 13,1 % ; au premier trimestre, la prise en compte de l'âge maternel, de l'épaisseur de la nuque, de la protéine PPA-A (pregnancy Associated plasma protein A) et de la fraction libre des bêta HCG permet de faire passer les chiffres à 86 % et 4,2 % ; enfin, au deuxième trimestre, lorsque l'on utilise un critère combinant l'âge maternel, l'alphafoetoprotéine sérique, l'estradiol non conjugué, l'HCG et l'inhibine A les chiffres passent à 82 % et 6,9 %. Pour le Dr Peter Benn (Etats-Unis), auteur d'un éditorial dans le « Lancet », « le diagnostic prénatal de la trisomie 21 doit être économiquement évalué en raison du coût potentiel de la multiplication des examens sanguin et échographiques pratiqués de façon systématique ».
Une équipe britannique, coordonnée par Nicholas Wald (Londres), a mis en place une étude rétrospective sur 46 193 grossesses prises en charge dans 14 hôpitaux entre 1996 et 2001. Chez toutes les femmes, il a été effectué une évaluation du risque en se basant sur l'appréciation d'un critère incluant outre l'âge maternel, l'alpha-foetoprotéine, l'estradiol non conjugué, l'hCG totale ou sa fraction bêta libre et l'inhibitine A.
Les femmes qui étaient considérées comme à risque se sont vu proposer la réalisation d'une amniocentèse ou d'une biopsie des villosités chorioniques. Sur les 88 cas de grossesses d'enfant trisomiques 21, 71 (81 %) ont pu être détectées en se basant sur le critère composite et le nombre de faux positifs a été de 3 200 sur les 46 105 grossesses normales (7 % de faux positifs). Conclusion des auteurs : « Ce critère est actuellement celui dont le rapport coût/efficacité est le meilleur actuellement et qu'il doit donc être choisi pour le diagnostic des trisomies 21 chez les femmes de tout âge au cours du second trimestre de la grossesse. »
« The Lancet », vol. 361, pp. 794-795 et 835-836, 8 mars 2003.
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