Jean-François Mattei l'a clairement annoncé lors de la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale : le gouvernement espère des économies sur les dépenses de médicaments remboursées par l'assurance-maladie.
Parmi toutes les mesures évoquées, les industriels rassemblés lors d'un colloque organisé par Polepharma* auront surtout retenu celles qui concernent les génériques.
Le président du Comité économique des produits de santé (CEPS) Noël Renaudin s'est en effet longuement étendu sur le sujet. « Nous ne pouvons pas nous permettre de nous contenter du niveau atteint par les génériques et de la vitesse à laquelle ils progressent », a-t-il martelé, allant jusqu'à affirmer : « Ce que nous voulons, c'est du presque tout générique. » Du moins lorsque la prescription du médecin le permet.
Rappelant l'évolution saccadée du marché depuis 1999, année où, les pharmaciens ont obtenus le droit de substitution, il a demandé sans ambiguïté à l'industrie pharmaceutique de « choisir son camp ».
« On ne peut pas avoir un discours collectif en faveur du générique, et faire tout au plan individuel pour lui mettre des bâtons dans les roues », a-t-il expliqué, en évoquant les « contre-génériques », ces produits mis sur le marché uniquement ou presque pour se substituer aux médicaments généricables ou en passe de l'être.
Désireux de tout mettre en uvre pour que le tarif forfaitaire de responsabilité (TFR) « atteigne son résultat » en termes d'économies, M. Renaudin a précisé que la bonne volonté des industriels était « la contrepartie indispensable à l'accueil que nous avons fait à l'innovation ».
Reste, lui a répondu Philippe Ranty, président du groupement des génériqueurs GEMME, que « Le TFR est une mesure contre-productive à long terme, qui tend uniquement à brouiller les cartes. » Si ce tarif crée au départ des économies pour la collectivité, les fabricants de génériques lui reprochent d'entraîner à terme une baisse générale des prix « de l'ordre de 30 %, qui n'aurait jamais été acceptée dans le cadre d'une négociation », les princeps s'alignant sur le prix des génériques. Craignant de voir naître une polémique, Jean-Pierre Cassan, président du LEEM, a demandé aux industriels de « travailler en bonne corrélation et non en opposition » par ailleurs que l'on parlait beaucoup du poids du médicament et peu de celui des indemnités journalières dans les dépenses de santé. Le président du LEEM a également souligné le rôle du secteur pharmaceutique en termes d'innovation et d'emploi des arguments qui pèsent dans la balance politique.
Le président du Groupe d'études sur le médicament et les produits de santé (et député UMP) Yves Bur a réconcilié les parties en déclarant : « La responsabilisation, c'est le fait de tout le monde. » Prônant une « révolution culturelle » et dénonçant notre « système de conventions qui sont tout sauf de vrais contrats », le député a plaidé en faveur « d'engagements clairs et chiffrés avec les médecins », notamment en ce qui concerne la prescription en DC. Le générique semble définitivement un enjeu incontournable de la politique du médicament du gouvernement.
* « Les enjeux de l'industrie pharmaceutique », colloque organisé par Polepharma le 24 septembre 2003 au parc des expositions de Dreux.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature